Une maternité au cœur du Rwanda

Portée par l’élan de Genium360 et de son programme AGIR (Action Génie Innovation Relève), La Personnelle effectue un don de 2 $ pour chaque soumission reçue par un membre de Genium360 afin de soutenir cinq projets à forte valeur sociale issus de la communauté du génie. Suivez notre dossier spécial pour en découvrir les détails dans une série d’articles qui paraitront tout au long de l’année 2025. 

Se rendre au cœur du Rwanda pour construire une maternité dans un village isolé de tout, voilà la mission qu’ont accomplie six étudiants en génie de l’École de technologie supérieure (ÉTS) participant au Programme de regroupement étudiant pour la coopération internationale (PRÉCI). Le projet, réalisé en 2024, a pu prendre son plein envol grâce notamment à un don de La Personnelle inspiré par le programme AGIR (Action Génie Innovation Relève) de Genium360.

C’est à Gasiza, un village niché dans l’une des régions les plus isolées du Rwanda, que ces étudiants se sont installés pour quatre mois. Dans cette région, les femmes enceintes devaient marcher jusqu’à 4 h 30 pour effectuer l’aller et le retour vers la maternité la plus proche. Un périple difficile, alors qu’on surnomme le Rwanda le pays des 1 000 collines, comme ont pu l’expérimenter les participants au projet. « Nous avons décidé de nous rendre à la clinique en arrivant. Cela nous a pris autour de 2 h 30 et il fallait marcher à travers des collines très pentues, sur des chemins parfois glissants. Il fallait même traverser des cours d’eau », raconte Gabin Roussel, étudiant en génie mécanique ayant participé à la mission.

Lors du travail, les femmes étaient transportées sur des brancards et 80 % n’arrivaient pas à temps à la clinique et accouchaient en chemin, au bord de la route ou au pied des collines, explique l’étudiant. « Pour nous, c’était inconcevable en 2024. C’est pourquoi notre équipe a choisi ce projet, afin que les femmes puissent accoucher dans de bonnes conditions et de réduire les risques. »

En effet, l’objectif du PRÉCI est de concevoir et de réaliser un projet d'ingénierie dans sa globalité à l'échelle internationale qui permet de répondre à un besoin de première nécessité, comme s’éduquer ou manger. Construire une maternité s’inscrivait donc tout à fait dans cette lignée.

L’art de gérer un projet à l’international

Les étudiants de la cohorte 2024 ont donc pris en charge toutes les étapes du projet, que ce soit la recherche de financement, la planification, la logistique ou la conception des plans. « Nous avons même appris les bases du kinyarwanda, l’une des langues officielles du Rwanda avec le français et l’anglais, avant notre départ », précise Gabin Roussel. Pendant ces dix mois de préparation et les quatre mois sur place, les étudiants ont été épaulés par des professeurs de l’ÉTS, d’anciens participants au PRÉCI et une organisation non gouvernementale (ONG) rwandaise.

De l’aide précieuse, puisque gérer un chantier dans un endroit aussi isolé a représenté tout un défi, surtout au niveau logistique. « Le village est situé à 45 minutes de la route asphaltée. Même si les voitures et les camions peuvent se rendre, les habitants se déplacent plutôt à pied ou à moto. D’ailleurs, quand un véhicule arrivait, c’était tout un événement. Les enfants du village couraient à sa suite! » Avec seulement deux fournisseurs acceptant d’emprunter la route vers Muhanda, l’équipe devait donc planifier chaque livraison avec soin et maintenir de bonnes relations avec eux, ce qui a été possible grâce à l’aide de leur interprète et de l’ONG qui les assistaient sur place.

Sur le chantier, les participants ont aussi dû faire faire à un autre obstacle, car au départ, les ouvriers étaient réticents à laisser les étudiants mettre la main à la pâte. « Ils considéraient que nous étions les chefs et, par conséquent, que nous ne devions pas travailler avec eux », se souvient Gabin Roussel. Peu à peu, l’équipe est parvenue à faire sa place, grâce au dialogue. Une collaboration fructueuse de part et d’autre. « C’était vraiment intéressant puisque nous avons pu apprendre des techniques qu’on ne connaissait pas avant, comme monter un mur de briques. Quand c’était nécessaire, nous étions placés en binômes pour apprendre, en faisant le travail avec eux. Cela nous a permis de réaliser toutes les étapes de la construction du bâtiment. » Une expérience enrichissante, tant sur le plan humain et professionnel.

Finalement, les villageois se sont montrés très reconnaissants du travail accompli par ces futurs ingénieurs. « Lors de la célébration d’inauguration de la maternité, l’un d’entre eux a fait un discours très touchant, expliquant que c’était à eux, maintenant, d’inciter les femmes à utiliser cette nouvelle maternité et à prendre soin du bâtiment pour le préserver », relate Gabin Roussel. 

Aujourd’hui, même si le projet n’est pas encore tout à fait terminé – un conteneur rempli de matériel médical sera acheminé sur place en février prochain – la maternité a déjà accueilli ses premières patientes. « Nous sommes partis du village le 15 décembre et le lendemain, il y avait déjà une naissance! » Une fierté pour l’équipe.

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