Caroline Arnouk : une femme qui bouleverse le statu quo en construction

Ingénieure civile de formation, Caroline Arnouk a travaillé plusieurs années pour la Ville de Montréal dans la gestion stratégique des réseaux d’eau. En prenant conscience des défis au niveau de la mobilité dans le domaine de la construction, elle décide de créer sa propre entreprise : OPA Technologies, un logiciel de gestion des entraves à la circulation qui propose des chemins de détours aux conducteurs.

Son idée était d’aider, d’une part, les villes à mieux planifier, coordonner et communiquer aux citoyens les informations relatives à la circulation, et d’autre part, d'aider l'ensemble des usagers de la route, y compris les taxis, les autobus, les camions, etc.

Pour atteindre ces objectifs, OPA Technologies développe une innovation en gestion géospatiale. Caroline nous relate son parcours et son expérience en tant que femme en génie et entrepreneure technologique à succès. 

Une vie de femme entrepreneure techno dans la construction, ça vous tente?

1er défi : savoir imposer sa place :

« Un des premiers défis, c’est de se faire prendre au sérieux. J’arrivais avec un bon produit, qui a de la valeur ajoutée et qui peut aider à augmenter la productivité. La difficulté était qu’on me prenne au sérieux. Et ça, je vous dirais que c’est une question de temps et de savoir imposer sa place.

Moi, ma façon de penser; s’il n’y a pas de chaise pour vous à la table, prenez-en une et faites-vous une place! Il ne faut pas s’attendre à ce que les gens vous invitent ou vous réfèrent, il faut aller de l’avant et avoir confiance en ce qu’on fait. À la fin de la journée, qu’on soit homme ou femme, ce qui compte, c’est le travail qui est accompli. ».

« Mon conseil : ne rien lâcher et prendre sa place! »

« J’ai rencontré des responsables d'une ville au Québec pour présenter mon produit. Ils l'ont adoré, mais ils m’ont dit : « On va voir si tu existes encore dans 2 ans ». Deux ans plus tard, je suis encore là et je leur refais une présentation. Ils m’ont alors dit : « Mais c’est sérieux ton affaire! Ça a vraiment avancé ton produit! ». Si je n’avais pas insisté, fais le suivi, rien lâché, je ne serais pas passée à la prochaine étape avec eux. Il ne faut pas se décourager ».  

2e défi : le financement :

« La recherche de financement engendre de nombreux défis. Toutefois, pour surmonter cet obstacle, il faut être en mesure de faire ses preuves en démontrant que le modèle développé fonctionne et a du succès ».

« Il faut trouver sa source de motivation pour surmonter les difficultés. »

« J’ai continué parce que j’avais une bonne idée, qui répond à un besoin qu’il y a dans la société :  améliorer la fluidité de la circulation. Avec tous les chantiers qu’on a, surtout à Montréal, je pense qu'il est urgent de faire quelque chose. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de continuer parce que les villes qui utilisent mon logiciel en constatent les bénéfices. Et, en tant qu’ingénieure, on veut toujours trouver des solutions aux problèmes ».

Les conseils de Caroline Arnouk à celles qui souhaitent se lancer

Avoir du courage et aller de l’avant dans sa passion :

« Si une personne, que ce soit un homme ou une femme, mais surtout les femmes qui hésitent parce qu’elles ont peur car il s’agit d’un domaine plus dominé par la gent masculine, je conseille d’abord d’aimer ce que l’on fait. Si vous aimez ça, allez de l’avant! Allez-y, étudier là-dedans ! Si vous aimez ça et que c’est une passion, ne lâchez pas! 

Même si les gens choisissent de se diriger vers un domaine où il y a plus de femmes, à la fin c’est la qualité du travail accompli qui va compter. Et, la compétition, il va y en avoir dans tous les domaines. Donc, je conseille aux gens de ne pas avoir peur! »

Savoir bien s’entourer :

« Il faut savoir bien s’entourer et parler de ses idées. Je conseille de ne pas avoir peur de rencontrer des clients, de présenter et de parler de ses idées ».

Les 2 voeux de Caroline pour le secteur de la construction 

Viser la parité :

« Il faudrait que toutes les entreprises regardent la composition de leurs équipes de travail : équipes de projet, équipes sur le terrain ainsi que les chantiers pour déterminer quel est le pourcentage d’hommes et de femmes qui y travaillent. 

Leur objectif doit être de viser la parité. En 2020, c’est inacceptable de voir des projets 100% gérés par des hommes ou des femmes. Je pense que dans le monde de la construction, ça prend la parité! ».

Créer des comités d’amélioration des conditions de travail des femmes :

« La deuxième chose qu’il manque dans le domaine de la construction, c’est d’avoir des comités pour améliorer les conditions de travail des femmes. Il ne faut plus qu’il y ait de sujets tabous (intimité sur les chantiers, grossesses, sexisme, harcèlement sexuel...) . Je pense qu’il va falloir créer des comités pour améliorer les conditions de travail des femmes pour que des sujets tabous soient discutés et traités ». 

 

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