Femmes en génie : les défis d’être leader au féminin

  • Les femmes peuvent elles-mêmes être la solution à l’un des principaux défis, les biais basés sur le genre, en commençant par les dénoncer et en montrant que ceux-ci sont infondés
  • S’appuyer sur un « espace sûr » constitué par d’autres femmes serait la clef de voûte qui permet au leadership féminin de se cristalliser
  • L’accès limité aux cercles formels combiné au manque de réseaux « au féminin » forment des barrières structurelles à la progression de carrière des femmes

 

Les chiffres révélés par Statistiques Canada à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes de 2022 montrent qu’entre 2001 et 2021, le pourcentage de femmes dans des rôles de management sénior est passé de 24.1% à 30.9%. Comment se fait-il qu’en 20 ans, cela ait si peu progressé? La réponse résiderait en partie dans les défis auxquels font face les femmes afin d’accéder à ces postes, mais aussi à s’y épanouir.

À cet effet, Genium360 est allé à la rencontre du comité étudiant de Polytechnique Montréal Poly-L (L : Leadership), lequel a comme mission de promouvoir le leadership féminin auprès des étudiantes et étudiants en ingénierie. Noela-Joyce Lomandong, vice-présidente réseautage et étudiante en génie civil, nous a entretenus sur les biais inconscients, l’importance des espaces sûrs et du maillage parfois difficile à trouver.

Apprendre soi-même à gérer les biais inconscients des autres

Il ne fait aucun doute que les biais inconscients - et mêmes conscients! - envers les femmes demeurent tenaces encore en 2023, comme Noela-Joyce l’indique : «  C’est clair que le biais le plus présent est celui basé sur le genre, et je serais prête à parier que vous avez déjà entendu dans votre carrière une phrase du style “une femme c’est sensible” ».

La Banque Royale du Canada, avec son initiative « In Good Company », y dédie d’ailleurs une section entière dans sa liste de contrôle sur les milieux de travail inclusif.

Dans un autre ordre d'idées, la vice-présidente du comité étudiant propose une solution accessible à l’employée : « Face aux biais, on enseigne à travers notre comité à ne pas se mettre soi-même des barrières. Bien que l’employeur pense cela ou qu’on croit qu’il le pense, c’est en notre pouvoir de livrer la marchandise et montrer que ce biais, c’est une idée préconçue ».

Les bénéfices de travailler son identité dans un espace sécuritaire

C’est dans un article de la Harvard Business Review que 3 autrices auraient proposé la création « d’espaces de travail d'identité sûrs ». Ceux-ci permettraient aux femmes de discuter des biais inconscients entre elles, mais surtout d’interpréter avec leurs paires la rétroaction parfois contradictoire à leur sujet, tel que souligné par les autrices : « Certaines se font dire qu'elles doivent "être plus dures et responsabiliser les gens", mais aussi "ne pas fixer des attentes aussi élevées" [...] ».

Dans le même ordre d’idées, Noela-Joyce nous explique que Poly-L réserve les sièges de son exécutif aux femmes pour cette raison : « C’est vital que notre équipe exécutive puisse être un espace sûr où l’on peut expérimenter, se découvrir comme leader et apprendre comment on s’influence les unes sur les autres ».

Des barrières structurelles qui compromettent la capacité à progresser

Serait-il possible qu’après avoir développé un leadership fort grâce à ces espaces sûrs, des défis plus structurels demeurent pour les femmes qui veulent progresser? C’est l’argument avancé par de nombreuses universités, dont la St. Catherine University, qui cite l’accès limité aux réseaux de contacts formels comme l’une de ces barrières systémiques.

Une autre de ces obstacles est la rareté de réseaux « au féminin », comme celui que Poly-L construit à travers ses forums : « Les conférences, tout comme nos événements de réseautage, visent à mettre en relation des modèles féminins de leadership avec les polytechniciennes afin qu’elles quittent l’université avec un réseau minimal », nous mentionne la vice-présidente du comité. Un autre bel exemple? G-CHANGE, un événement et un programme d’inspiration qui cherche à guider, accompagner et inspirer la relève féminine à prendre sa place dans les STIM.

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