Hélène Brisebois | Les femmes et le génie-conseil

Hélène Brisebois est à la tête de SDK, une firme de génie-conseil comptant 60 employés spécialisée en services d'ingénierie de structures et fondations, génie civil, verre structurel et structures industrielles. Elle est la seule femme présidente d'une firme d'ingénieurs-conseils au Québec. Dans le cadre de la journée internationale des femmes, nous avons posé 4 questions à cette passionnée qui aimerait voir plus de femmes pratiquer dans son domaine.

Un article du Devoir paru en 2011 titrait : « SDK et associés - Conception de structure d'immeubles - Une croissance à échelle humaine ».

Qu'est-ce que cette « croissance à échelle humaine » signifie pour vous?

Dans le contexte où il y a de moins en moins de firmes spécialisées au Québec, nous nous démarquons en misant sur nos forces : la structure. Dans notre groupe, nous tentons de créer un esprit d'équipe, un milieu stable pour les employés. Certains d'entre eux sont avec nous depuis 20 ou 30 ans, il y a un très faible taux de roulement.

La croissance à « échelle humaine » est une croissance à vitesse modérée, en continu, mais pas exponentielle. Nous souhaitons former des jeunes, les nouveaux talents et les nouveaux arrivants. Faire de la structure c'est périlleux et risqué, on ne peut se permettre de perdre de vue la précision et les résultats, on doit s'assurer que tout est impeccable.

Quels sont les facteurs qui expliquent selon vous la faible présence des femmes en génie-conseil?

Je ne le sais pas, parce que c'est tellement le fun! La réalité est que c'est passionnant, mais c'est une carrière très prenante. À l'école, la présence des femmes frôle les 25%. Dans le génie-conseil, il y en a encore moins. On travaille de longues heures sur des projets qui déboulent vite. On sert des clients, on s'adapte à leur réalité.

Il y a aussi la dimension saisonnière propre à l'industrie de la construction, les périodes comme le printemps et l'été sont très intenses : tout le monde veut tout en même temps! Ça fait en sorte que la pression est forte sur les équipes. Probablement que les femmes optent majoritairement pour des postes dans la fonction publique, ou dans les grandes entreprises parce que ce sont des milieux réputés pour offrir davantage de flexibilité.

Chez SDK, on essaie d'accommoder les employés pour qu'ils trouvent un meilleur équilibre travail-famille, les hommes comme les femmes, mais ce n'est pas le cas partout en génie-conseil. Personnellement, le fait d'être une femme en génie-conseil m'a ouvert beaucoup de portes, ça m'a permis d'être reconnue assez rapidement. Je n'ai jamais senti que j'étais à part, ou mise à l'écart parce que j'étais une femme. Au contraire, les clients sont toujours très contents qu'il y ait des femmes autour de la table, dans les projets, sur les comités.

Quels sont les défis que vous avez rencontrés en tant que femme dans votre carrière?

Je ne peux pas dire qu'il y a eu des défis spécifiques reliés au fait d'être une femme. Je crois avoir rencontré les mêmes défis que mes autres collègues au niveau professionnel. C'est certain que la période de ma vie où j'ai eu de très jeunes enfants a été plus difficile.

Il faut savoir bien s'entourer pour passer au travers de cette étape-là. Je suis heureuse d'observer que les choses changent. Beaucoup de jeunes hommes vivent cette situation à l'heure actuelle et quittent plus tôt pour aller à la garderie... Disons que c'était moins accepté à l'époque où j'ai commencé!

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui souhaiteraient évoluer dans cette industrie?

On doit d'abord être bon techniquement pour gagner le respect, être à l'écoute des gens, avoir une grande confiance en soi. Je conseillerais de ne pas se limiter, de croire en ses moyens. Les filles peuvent développer leurs habiletés autant que les garçons. Il ne faut pas se freiner, ni parce ce qu'on a des enfants ni parce qu'on pense que ce n'est pas pour nous. Les filles qui sont dans l'industrie, elles sont bonnes et elles aiment ça!

 

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