Isabel Racine : apprendre à surmonter les défis soi-même

Jeune, Isabel ne se sentait à sa place dans aucun domaine : « Au secondaire, les emplois qu’on nous présentait ne m’intéressaient pas. Il a fallu que j’aille voir l’orienteur pour que le déclic se fasse. » Le reste du travail, c’est la jeune adolescente qui allait l’effectuer par elle-même. En allant consulter des ingénieurs, elle allait découvrir les nombreuses possibilités de cheminement professionnel et cette capacité d’aller toujours plus loin. Puis, lors de la visite du laboratoire de structures de Polytechnique, elle s’est décidée.

La direction dès la deuxième année

C’est par un concours de circonstances qu’Isabel a obtenu le poste de directrice du pont d’acier, un club étudiant de Polytechnique, dès sa deuxième année au baccalauréat en génie civil. Le défi était de taille : « Je n’étais pas du tout prête, mais il fallait quelqu’un pour occuper le poste. Aussi, puisque la théorie en structures arrive vers la fin du cheminement et que le comité était majoritairement composé de nouveaux, ce fut un beau défi! Somme toute, ça aurait pu facilement dérailler, mais j’ai pris ma place et je l’ai bien comblée. »

Lorsqu’elle réfléchit aux apprentissages effectués, ils sont nombreux. D’abord apprendre à gérer des tâches nombreuses et imbriquées les unes aux autres, puis les sentiments et attentes des autres membres… La diplômée est heureuse de pouvoir transférer ces apprentissages dans de nombreuses facettes de sa maîtrise.

Faire bouger l’industrie du ciment

La future ingénieure a elle-même construit son projet de maîtrise de toute pièce, qui se résume à aider au déploiement, à l’échelle du Québec, de la norme qui permet le remplacement du ciment par de la poudre de verre recyclé, technologie qui a été développée par la Chaire SAQ à l’Université de Sherbrooke. Comme elle nous l’explique, « environ 15 % du ciment peut être remplacé, ce qui rend le produit final moins polluant.

Cette méthode a même été ajoutée à la norme depuis fin 2019 mais son utilisation demeure très marginale. Selon moi, c’est principalement dû à un manque de communication entre le milieu privé et gouvernemental. C’est donc ça que je veux explorer pour pouvoir expliquer ce manquement et ensuite proposer des solutions. » Elle aspire à démocratiser ce genre de technologie, très connue des initiés du domaine du développement durable, mais méconnue à l’extérieur de ce cercle.

Apprendre à gérer l’anxiété

Le principal défi d’Isabel durant ses études a été son trouble d’anxiété générale (TAG). « Je ne comprenais pas pourquoi j’avais des difficultés à me concentrer, à dormir… Puis en 2017, j’ai eu mon diagnostic. Si j’avais eu ça au début de mes études, ça aurait été tellement plus facile. Aujourd’hui, les associations étudiantes parlent beaucoup de santé mentale mais les institutions tardent à engager des ressources pour les aider. » Cet apprentissage fait, elle se tourne vers l’avenir : Elle nous explique qu’elle évoluera « très certainement » dans le milieu du développement durable et même peut-être à son compte. Son conseil? « À travers la vie et les épreuves, il faut rester à l’écoute de soi-même, demeurer authentique et ne pas hésiter à demander de l’aide. »

 

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