Lucides, déterminées et engagées

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Il y a près de soixante-dix années, Thérèse Sicard brisait le plafond de verre de l’ingénierie devenant la première femme à obtenir un diplôme en génie forestier de l’Université Laval. Aujourd’hui plus de 10 000 Québécoises œuvrent dans les divers domaines du génie, dont Élène Rousseau et Virginie Tourte qui ont récemment joint le conseil d’administration de Genium360. À l’occasion de la Journée internationale des femmes en génie, le blogue Inspiration de génies vous présente ces femmes inspirantes aux parcours différents, mais réunies par leur engagement à promouvoir et à agir concrètement pour amener plus de femmes à faire carrière en génie.

Élène Rousseau, 27 ans, est candidate à la profession d’ingénieur dans le domaine du génie municipal et travaille en service conseil dans le secteur industriel. Virginie Tourte, 47 ans, est gestionnaire senior en industrie manufacturière. Alors que l’une revêt parfois bottes et chapeau de construction et que l’autre œuvre en usine, aucune n’est dupe à l’égard des préjugés qui perdurent autour de l’ingénierie au féminin. Regards croisés sur le défi de faire sa place dans un monde encore très majoritairement masculin.

Apprendre à s’affirmer

Quand on dit qu’il faut mettre ses bottines pour s’affirmer, l’image fait sourire Élène. « Aux yeux de certains hommes qui travaillent sur les chantiers, on est des Germaine ! Selon eux, on est là pour les gérer et mettre notre grain de sel. » La jeune femme a rapidement découvert que faire preuve de transparence et exprimer les raisons de sa présence désamorcent rapidement la situation.

Être jeune ou avoir l’air jeune est aussi une source de préjugé pour les femmes ingénieures. « J’ai 47 ans et j’ai l’air d’en avoir 35. Quand on veut progresser dans une entreprise c’est un frein », déclare Virginie. Ce qui soulève plusieurs questionnements quand vient le moment d’accorder une promotion à une femme ingénieure. Comment la personne sera accueillie dans l’équipe, dans ce monde d’hommes. Comment va-t-elle arriver à imposer son autorité et sa crédibilité ? « Tout cela est inconscient la plupart du temps, mais ce sont des biais perceptuels bien réels lorsque vient le moment pour une femme d’accéder à un poste supérieur », ajoute-t-elle.  

Miser sur l’aspect positif du leadership « féminin »

Élène et Virginie s’entendent pour dire que l’empathie, l’écoute et la collaboration sont des ingrédients clés permettant aux femmes ingénieures d’exercer un leadership positif. « Mes expériences comme gestionnaire m’ont appris à être plus empathique, plus à l’écoute. Certains hommes se sont même permis de pleurer dans mon bureau. Ils savent qu’ils ne seront pas jugés et se sentent suffisamment en sécurité pour laisser sortir leurs émotions », confie Virginie, qui précise toutefois que la bienveillance dont fait preuve l’entreprise fait partie intégrante de sa culture axée sur l’empathie et l’ouverture. Pour Élène, les gestes de reconnaissance sont aussi un élément du leadership au féminin. « Reconnaître un bon coup, ça rallie les gens et rend le climat de travail agréable », avoue la jeune professionnelle.

Vaincre le syndrome de l’imposteur(e)

 « Le pire pour les femmes ingénieures, je crois que c’est le syndrome de l’imposteur(e) », lance Élène. Les deux femmes croient que les expériences sont très formatrices, mais qu’on apprend beaucoup des autres, des gens qui croisent notre route. Pour Élène, ce contact dans l’apprentissage du métier sur le terrain passe beaucoup par sa relation avec sa mentore. « Cette femme me fait évoluer, j’ai plus d’assurance et confiance en moi. », relate celle pour qui cette expérience est inspirante au point où elle aspire, à son tour, à devenir mentore.

Pour sa part, Virginie accueille des stagiaires chaque session universitaire. « Je discute de leur carrière, de leur avenir, mais je mets l’accent sur l’intelligence émotionnelle. Malheureusement, cet aspect ne fait pas partie du cursus scolaire, c’est un grand manque », révèle-t-elle.  Dans son accompagnement, tout particulièrement auprès des femmes stagiaires, Virginie accorde une grande attention à leur donner des outils pour développer leur confiance en elles et en leur choix de carrière, pour qu’elles se sentent à leur place en génie.

Faire valoir ses réussites

En 2020-2021, alors qu’on est en pleine pandémie de COVID-19, Virginie se retrouve devant un défi colossal : le déménagement de l’usine. « J’étais responsable de la logistique. En fait, en plus de l’organisation du déménagement en tant que tel, il fallait définir l’aménagement futur, sans avoir accès au bâtiment, donc à partir de calculs théoriques », relate-t-elle. Cette charge de travail s’ajoutait à ses activités régulières et au parcours conduisant à l’obtention de la ceinture verte en Lean Manufacturing. Ce fut une réussite sur toute la ligne! « J’étais tellement fière! C’est ce qui a établi ma crédibilité au sein de l’entreprise et permis d’accéder au poste que j’occupe maintenant, » conclut-elle.

Se retrouver, du jour au lendemain, surveillante de chantier pour un important projet d’aménagement routier sur un site très hostile, c’est ce qui est arrivé à Élène en 2022 alors qu’elle sortait à peine de l’université. « J’ai vraiment été surprise, mais il n’était pas question de dire non! J’avais participé à la conception du projet à haut niveau et d’être là, sur le chantier, voir le projet se construire, c’était très gratifiant. Dans le domaine du génie-conseil, il est rare d’avoir la chance de faire les deux », raconte Élène précisant que cette expérience « du saut dans le vide » lui a donné des ailes. Le syndrome de l’imposteur(e) qui freinait ses élans s’est dissipé. À l’aube d’obtenir son titre officiel d’ingénieure, Élène accomplit son rôle avec une confiance de plus en plus affirmée, ce qui lui confère le respect et la collaboration de ses pairs.

Leur vision d’avenir pour le génie au féminin

Virginie et Élène sont unanimes : il faut plus de femmes dans tous les domaines du génie et à tous les paliers hiérarchiques des organisations.

« Sans être exclusivement des caractéristiques féminines, on reconnaît aux femmes une prédisposition à faire preuve de bienveillance, d’écoute et d’empathie », soutient Virginie. À son avis, ces qualités sont des vecteurs importants de la transformation de la culture des organisations du secteur du génie.

Il faut encore plus de conscientisation, d’éducation, d’information, et ce, dès le secondaire et même au troisième cycle du primaire. Il faudra faire preuve de patience et de persévérance tout en multipliant les occasions et les tribunes pour démontrer aux femmes qu’elles ont leur place en génie, qu’elles sont compétentes et qu’elles doivent se faire confiance. 

« La Journée internationale des femmes en génie est d’ailleurs une excellente tribune pour montrer à la société qu’il y a des femmes en génie et qu’elles performent, même dans des secteurs considérés traditionnellement masculins, comme le génie civil », affirme Élène, ajoutant aussi qu’on dénote un manque flagrant de personnes issues des minorités visibles dans ce domaine.

Maintenant qu’elles sont aux premières loges comme membres du conseil d’administration, Virginie et Élène sont plus que jamais convaincues que les actions et les efforts de Genium360 ont toutes les chances de conduire vers un changement des mentalités, vers un accroissement de la représentativité féminine dans tous les secteurs du génie.

 

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