Étudier en génie : table ronde avec de jeunes diplômé(e)s

Suite aux entrevues avec Pierre Dumouchel et François Bouffard, respectivement ex-directeur général de l’École de technologie supérieure (ÉTS) et professeur agrégé à l’Université McGill, nous avons pu mieux comprendre les transformations des sphères académiques du domaine du génie.

Mais comment sont-elles vécues par celles et ceux qui ont étudié dans les programmes de génie contemporain? J’ai décidé d’inviter de jeunes diplômés aux bureaux de Genium360 afin d’avoir leur point de vue sur leur formation et sur ce qu’elle leur a permis de faire.

Table ronde avec François Pelletier (ÉTS, 2015), Ibrahima Kaba (ÉTS, 2017), Saleh Yakhya (ÉTS, 2017) et Samuel Tremblay (Polytechnique, 2019).

Choisir le génie

Les raisons de s’inscrire dans un programme en génie à l’université sont multiples, comme quoi tous les chemins peuvent mener à l’ingénierie.

 

« J’ai la réponse la plus ennuyante au monde! » affirme François Pelletier, coordonnateur à la maintenance chez Solmax. Depuis qu’il est très jeune, François a un intérêt marqué pour la mécanique et les automobiles. Dans son album de finissant de 6e année du primaire, on peut lire qu’il souhaite devenir… ingénieur mécanique! Ce qu’il devint!

« J’ai toujours aimé la science-fiction », explique Samuel Tremblay, consultant en intelligence d’affaires chez Dataperformers. Après deux stages en ingénierie, il n’était pas convaincu que le domaine était fait pour lui. Cependant, les études demeuraient passionnantes. Il finit donc son baccalauréat en génie aérospatial avant de se tourner vers la gestion à HEC Montréal.

Pour Myrielle Robitaille, c’est la mission sociale de la profession d’ingénieure et l’engagement au cœur de sa pratique professionnelle qui l’ont attirée.

Pour Saleh Yakhya, concepteur chez F.List Canada Corp, ce sont les défis qui l’ont poussé à persévérer dans le domaine. « J’ai détesté le génie mécanique pendant les deux premières années! J’ai même failli changer pour la médecine. » Cependant, l’impact social potentiel et la possibilité d’innover l’ont convaincu que l’ingénierie était sa voie. « Aucune journée ne ressemble à l’autre », conclut-il.

Du côté d’Ibrahima Kaba, concepteur en électronique de puissance chez TM4, le génie fut un choix rationnel. « Je savais que je voulais aller dans quelque chose qui allait utiliser les mathématiques. » Après deux sessions en production automatisée, il change pour le génie électrique.
 

Des hauts et des bas

Or, leur choix de jeunesse eût-il été à la hauteur de leurs espérances? Les opinions là-dessus sont partagées.

« Over all, je n’ai pas aimé mon expérience universitaire » affirme François, lui qui s’est beaucoup investi dans les études et les devoirs. Il obtint tout de même une moyenne académique bien au-dessus de la moyenne.

En effet, pas facile de se rendre utile si on ne sait pas ce que l’industrie attend de nous comme diplômés!

Néanmoins, les stages permettent de se faire une idée de ce point de vue. « Les laboratoires n’avaient pas nécessairement rapport avec la réalité de l’emploi, mais les stages oui », mentionne François. « Les stages, c’est une bonne façon de tester différents domaines et types d’emploi » rajoute Ibrahima. Saleh conclut : « Les stages t’aident aussi à bâtir ton CV! »
 

Améliorations possibles

Si tous s’entendent à savoir que les stages leur furent utiles, tous croient également nécessaire d’améliorer les programmes de formation en génie.

Selon Saleh, il faudrait que les universitaires soient plus à l’écoute de l’industrie. Un propos qui rejoint celui de Pierre Dumouchel qui affirmait que les facultés de génie avaient justement été fondées pour répondre aux besoins des milieux industriels.

Ibrahima émet toutefois un bémol : « ça sera difficile, car chaque entreprise a des attentes différentes » souligne-t-il. Pour lui, il serait préférable de permettre aux étudiant(e)s de bâtir leurs propres connaissances de façon autodidacte, selon les intérêts de chacun. « C’est dans les projets de recherche que j’ai menés par moi-même que j’ai appris le plus », insiste-t-il.

De son côté, François croit que les formations devraient être plus pratiques et confronter davantage les étudiant(e)s à des situations réelles autant que possible.

Pour Samuel, la tendance est à la complexification : « la réponse à ça c’est davantage de formation. Ça va devenir la norme d’avoir des double BAC ou des BAC + maîtrise » pense-t-il.

Samuel ricane : « Il me faudrait plus d’heures dans ma journée! » François en rajoute : « C’est impossible de ne pas faire d’heures supplémentaires. »

Comme quoi la pression que peuvent se mettre les étudiant(e)s en génie – comme l’observait François Bouffard – peut les suivre jusque sur le marché du travail.

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