Quand la deeptech change le monde… et l’univers du génie
Par Philippe Couture - 37e AVENUELe monde du génie se transforme et se décloisonne alors qu’il embrasse la deeptech. Parce qu’elle s’appuie sur l’assemblage de plusieurs vecteurs technologiques – de l’intelligence artificielle à la nanotechnologie – et sur une collaboration inédite entre les différentes branches du génie, la deeptech dessine un nouvel espace interdisciplinaire et interconnecté au sein de la profession. C’est ce que nous apprend Louis Fradette, directeur du département de génie chimique à Polytechnique Montréal.
Non, la deeptech n’est pas uniquement l’apanage des start-ups! Elle se déploie à l’université, fait peu à peu son chemin vers la grande entreprise, se généralise doucement dans l’ensemble de la pratique du génie. Ou plutôt, comme le dit Louis Fradette, « sa nature profondément interdisciplinaire et son caractère multiple en font le terreau idéal de la collaboration entre l’entreprise et le milieu universitaire, ou entre les organisations qui se consacrent à l’offre de solutions et celles davantage consacrées à la R et D ». En génie, elle s’infiltre un peu partout, et les jeunes intégrant la profession s’y livrent volontiers.
« On a tendance à employer le mot deeptech comme synonyme de “start-up utilisant des technologies de rupture”, mais c’est à mon avis une vision réductrice, poursuit Louis Fradette. Pour moi, la deeptech, c’est l’élaboration d’une approche qui favorise la combinaison et l’intégration de plusieurs solutions techniques et technologiques pour résoudre un problème. Ça concerne le monde du génie quand il invente des solutions profondes, c’est-à-dire multiples, fragmentaires, plurielles, recourant tout autant à la microélectronique qu’à l’intelligence artificielle ou au deep learning, ou encore aux nanotechnologies, par exemple. Ces technologies sont intégrées les unes aux autres et nécessitent une collaboration inédite entre les disciplines et une grande complémentarité des compétences de ceux qui y travaillent ensemble. »
L’exemple de Cycle Carbone
Si Louis Fradette enseigne les principes de la deeptech à la relève universitaire, il en fait aussi l’expérience au quotidien au sein du projet Cycle Carbone, né dans le giron de l'entreprise CO2 Solutions, aujourd’hui chapeauté par Polytechnique Montréal. L’objectif? Capturer le dioxyde de carbone pour le transformer en une grande variété de composants utiles : le CO2 devient du méthanol, utile à différentes industries, ou la matière première d’un carburant synthétique pour l’aviation, par exemple. Le produit final, issu du recyclage des émissions de CO2 atmosphérique, est ainsi complètement carboneutre.
Pour réussir à capturer et à convertir le CO2, Louis Fradette et son équipe ont mis en place un procédé « très deeptech ». Une première petite « usine-robot » assure l’étape de la capture des émissions d’une cheminée industrielle en combinant l’intelligence artificielle, le deep learning, l’Internet des objets et la microélectronique. Une deuxième « machine-usine » s’occupe de la conversion du CO2 grâce à des principes de chimie industrielle et à l’utilisation de petits capteurs microélectroniques et même nanoélectroniques.
L’union fait la force
Dans une approche deeptech en génie, la collaboration est la clé du succès. « Le génie chimique interviendra dans les étapes d’assemblage, le génie mécanique sera mis à profit pour la construction des équipements, le génie civil pour l’installation sur les sites de façon sécuritaire, le génie électrique sera garant de la logique d’interaction humains-machines, le génie mathématique sera primordial dans les composants d’intelligence artificielle », détaille Louis Fradette.
C’est dans la dynamique d’interrelation entre toutes ces branches du génie que résidera le succès d’un projet deeptech. « Voilà pourquoi il faut valoriser la collaboration entre l’entreprise et le monde universitaire, où cette logique interdisciplinaire est déjà bien en place », ajoute le chercheur. Les start-ups, certes, sont taillées dans la même argile. Mais elles ne sont plus seules à occuper le territoire de la deeptech.
-
Pleins feux sur la Faculté d’ingénierie de Concordia
Genium360, 12 septembre -
Faculté d’ingénierie de Concordia : une approche terrain et inc…
Genium360, 28 août -
Polytechnique Montréal : une réputation méritée
Genium360, 28 août -
Université Laval : entre multidisciplinarité et réseaux d’affai…
Genium360, 28 août -
ÉTS Montréal : des programmes pour tous les champs d’intérêt
Genium360, 28 août -
Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke : une approche p…
Genium360, 28 août -
«La grande expérience pédagogique» des facultés de génie
-
Étudier en génie, oui, mais où?
Audrey Bélanger O’Keefe, 04 juin -
Baccalauréat vs maîtrise : Quel est le bon choix pour les finis…
Audrey Bélanger O’Keefe, 04 juin -
Pandémie, stages et emplois : quel est l’état des lieux?
Samuel Tremblay, 02 juin -
Terminer son baccalauréat en pleine pandémie : 4 finissants se …
Samuel Tremblay, 01 juin -
Étudiants, avez-vous vraiment besoin d’une assurance locataire?
La Personnelle, 15 octobre -
Étudiants en génie, votre assurance de groupe vous avantage
La Personnelle, 03 septembre -
Étudier en génie : table ronde avec de jeunes diplômé(e)s
Jean-François Thibault, 21 août -
Entrevue avec François Bouffard : l’impact de l’engouement pour…
Jean-François Thibault, 19 août -
Partir étudier loin de chez soi en toute sécurité
La Personnelle, 27 mai -
Diplôme de cycle supérieur en génie : ce qu’en disent les unive…
Éloïse Martel-Thibault, 06 décembre -
Les défis des finissants en génie: ce qu’en disent les facultés
Éloïse Martel-Thibault, 21 septembre -
Alterner l’étude et la pratique: 5 questions à un finissant de …
Sandy Torres, 19 septembre -
La magie des stages pour les jeunes diplômés en génie
Guillaume Roy, 13 septembre -
Portrait de la représentation féminine dans les facultés en gén…
Vincent Belletête, 15 juillet -
Études en génie mécanique : quelles formations sont disponibles?
Genium360, 15 février