Génie de la santé : perspectives

Par les temps qui courent, notre quotidien est devenu surmédicalisé entre masques, gel hydroalcoolique et tests rapides. De l'autre côté du miroir, tout un secteur s'en retrouve dopé :

« La pandémie de COVID-19 est à l’origine de la plus forte augmentation des dépenses de santé jamais enregistrée au pays. Le vieillissement de la population et la pandémie en cours accentueront certainement la pression sur nos systèmes de santé et absorberont une part accrue des budgets des gouvernements.

S’il ne fait aucun doute que la tâche s’annonce ardue, l’évolution des technologies, des produits pharmaceutiques et des modèles de soins offrira par contre des moyens d’améliorer les résultats pour la santé des Canadiens », déclarait en novembre 2021, David O’Toole, président-directeur général de l'Institut canadien d’information sur la santé.

Un génie de la santé multifacette

On le comprend, l'avenir des soins en santé est ainsi conditionné par les avancées technologiques. En particulier, par les innovations numériques telles que l'intelligence artificielle, la nanotechnologie, l'impression 3D et la robotique, pour n'en citer que quelques-unes. 

À la source de ces dernières, de nombreuses spécialités du génie sont à l'ouvrage. Cette contribution est indéniable, mais celle-ci est peu célébrée et visible. En effet, le génie de la santé est un domaine très vaste qui ne cesse d'évoluer et de croître.

En outre, en étudiant la question, on s'aperçoit qu'il faudrait plutôt parler des génies de la santé, au pluriel, tant les ingénieurs qui y évoluent proviennent de spécialités différentes : le génie biomédical et le génie biotechnologique bien sûr, mais également le génie chimique, le génie physique, le génie électrique, le génie mécanique, le génie civil, etc.

Un secteur en plein essor au Québec

Les technologies médicales représentent un des secteurs les plus actifs en création d’entreprises et d’emplois au Québec; environ le quart de la valeur canadienne, soit un peu plus de 2 G$ par an.

Le Québec bénéficie d'une culture de l'innovation très vivante, terreau favorable à l'entrepreneuriat. Un nombre important de PME offre à travers toute la province des prothèses, des exosquelettes, des simulateurs, des implants, de l'imagerie médicale et bien d'autres équipements indispensables. Des firmes d'envergure internationale sont aussi bien implantées comme GE Santé, CAE, Siemens Healthcare, Philips et Medtronic.

Les ingénieurs du milieu effectuent de la recherche dans les universités, travaillent dans les hôpitaux, les centres hospitaliers universitaires, les manufactures d’équipements médicaux, les entreprises pharmaceutiques ou dans les centres de réadaptation.

Enfin, les ingénieurs œuvrent dans la conception et la constructions des infrastructures de santé et innovent pour offrir des conceptions polyvalentes et adaptables à l’évolution des besoins du domaine de la santé.

Un écosystème pour émerger

Concilier innovation et besoin n'est pas chose aisée, surtout avec un maillage aussi complexe de joueurs différents : ingénieurs chercheurs, professionnels de la santé, patients et partenaires industriels.

Des initiatives porteuses pour créer un écosystème d’innovation en technologies de la santé existent déjà. Par exemple celle du Laboratoire de recherche en imagerie et orthopédie de l’ÉTS et du CRCHUM et celle de l'Institut TransMedTech. Ces nouveaux modèles d'innovation vivante redéfinissent les relations entre les parties prenantes.

Les universités y jouent un rôle majeur, notamment avec l’entrepreneuriat en santé issu de chercheurs universitaires. Selon Sophie Veilleux, professeure agrégée d’entrepreneuriat technologique et international à l'Université Laval : « La qualité de l’environnement régional d’une université et la fréquence des contacts personnels entre les chercheurs universitaires et les industriels influencent sa capacité à commercialiser les résultats de la recherche scientifique. »

Des étudiants très demandés

Un bon indicateur de la vitalité d'un secteur est l'augmentation de nouveaux programmes d'études en la matière. Depuis une quinzaine d'années, des programmes de 1ᵉʳ, 2ᵉ et 3ᵉ cycle en génie biomédical et domaines connexes ont vu le jour à Polytechnique Montréal, l'Université de Sherbrooke, McGill et l'ÉTS.

Le domaine a un fort attrait auprès des jeunes femmes. En 2020, les étudiantes étaient majoritaires à 57 % en génie biomédical à Polytechnique Montréal. Autre indicateur positif : les entreprises ouvrent grand leurs portes aux étudiants en génie biomédical. Ces derniers ne rencontrent pas de difficulté particulière à trouver un stage ou à décrocher un premier emploi.

Plusieurs centaines d'étudiants sont diplômés chaque année. Cela ne tient pas compte des finissants d'autres spécialités en génie qui travailleront en génie de la santé durant leur carrière.

Contrer la pénurie de main d'œuvre pour faire une différence

Pour terminer, le gouvernement du Québec publiait le 17 décembre dernier, la liste des programmes universitaires qui bénéficieront du programme de bourses Perspective Québec pour lutter contre la pénurie de main-d’œuvre.

Bien que la majorité des programmes en génie offerts soient inclus, certaines spécialités étaient écartées, dont les génies biomédical et chimique. Véritables bouées financières, ces bourses allant de 9 000$ à 20 000$, s'ajouteront aux programmes d'aides existants. Elles se veulent un incitatif à choisir certaines filières plutôt que d'autres.

Une chose est certaine, le génie de la santé brillera aux yeux de jeunes qui veulent faire une différence, d'autant qu'il sera soutenu par les différents joueurs du milieu, unis dans un même objectif.

La 8ᵉ édition des Rencontres de génie organisée par Genium360 aura pour thème le génie et la santé : rendez-vous le 24 mars 2022.

 

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