Génie biomédical : les défis de l’acquisition rapide et massive d’appareils dédiés à la COVID-19

La vie tourne au ralenti pour plusieurs d’entre nous en cette période de crise COVID-19. Pour les professionnels du génie biomédical, le rythme s’est accéléré. En toile de fond, ces professionnels diplômés en génie, jouent un rôle majeur dans le combat contre le virus, étant notamment impliqués dans l’acquisition et l’implantation d’équipements dans les hôpitaux.

Genium360 a rencontré le chef de service du génie biomédical, volet immobilisation des équipements médicaux du Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides, Gnahoua Zoabli, pour faire le tour des défis rencontrés en raison de la COVID-19 et pour discuter des bons coups.

Acquérir et implanter des équipements médicaux en période de crise COVID-19

Le génie biomédical unit deux disciplines complexes : la médecine et le génie. En milieu hospitalier, «il facilite le choix et l’utilisation des équipements médicaux pour assurer des diagnostics et des soins sécuritaires aux patients», précise M. Zoabli.

La crise de la COVID-19 a donné du pain sur la planche aux ingénieurs biomédicaux, alors que celle-ci a entraîné un achat massif d’appareils tant pour le diagnostic que pour le traitement du virus. «La dépense en trois semaines pour la COVID-19 représente l’équivalent de notre budget annuel en temps normal», indique Gnahoua Zoabli.

Les équipements médicaux requis sont nombreux : ventilateurs (respirateurs artificiels), appareils de radiologie, moniteurs de signes vitaux, lits, défibrillateurs, électrocardiographes, tabliers et écrans plombés pour la radioprotection, pour ne nommer que ceux-ci.

S’adapter à la crise

L’acquisition d’équipements médicaux est normalement précédée par plusieurs étapes. «En temps normal, quand on veut acheter un équipement médical, on commence par l’analyse des besoins cliniques, clarifie M. Zoabli. On va traduire ce besoin en technologie et il va devenir un équipement médical.»

Le processus d’acquisition est bien régi. Les appels d’offres sont effectués en respect avec la loi sur les contrats des organismes publics.

Ceci étant dit, la loi se transforme en situation d’urgence. «Les directives ministérielles viennent supplanter le cadre de gestion régulier», explique M. Zoabli. En situation d’urgence, les appels d’offres ne sont plus obligatoires, les budgets sont suffisants et préautorisés, et les analyses technologiques écourtées.

Malgré les courts délais de réalisation avec lesquels les ingénieurs biomédicaux doivent dorénavant jongler, Gnahoua Zoabli et son équipe ne font pas de compromis sur la qualité des équipements et de leur installation. «La vitesse n’a pas affecté la qualité des approvisionnements, rassure le chef de service du génie biomédical – volet immobilisation des équipements médicaux. [...] Pour assurer la sécurité des patients, on a élaboré un système de suivi qui nous permet de nous ajuster rapidement aux divers enjeux de livraisons, et aux besoins fluctuants dans les hôpitaux et CHSLD.»

L’impact de l’ajout massif d’appareils pour diagnostiquer et traiter la COVID-19

L’installation massive d’appareils dans les hôpitaux à l’ère de la distanciation physique comporte son lot de défis. «La mise en œuvre  de la distanciation a touché tout le monde, que ce soit au niveau des espaces de travail ou de la disposition des équipements, tire au clair M. Zoabli. Avant, on pouvait se permettre de mettre certains éléments très proches.»

Gnahoua Zoabli attire également l’attention sur la trajectoire du patient pendant l’épisode de soins. «Il faut penser à tout cela lorsqu’on déploie la technologie. Il faut s’assurer qu’il y ait le moins de croisements possible.»

En plus de fournir et d’installer des équipements médicaux en quantité suffisante pour le traitement des patients infectés par la COVID-19, le génie biomédical doit s’assurer que les activités courantes de l’hôpital ne soient pas privées de leurs appareils.

Se préparer à l’après-COVID-19

Inutile de dire que la COVID-19 a changé drastiquement les priorités des ingénieurs biomédicaux. Ceci étant dit, la stratégie de l’après-COVID-19 se dessine déjà par l’équipe de M. Zoabli. «Il faut moduler le plan triennal de remplacement des équipements médicaux en fonction des achats réalisés durant la crise COVID-19», expose Gnahoua Zoabli.

L’acquisition et l’implantation d’équipements médicaux pour diagnostiquer et soigner la COVID-19 ont été rapides. Par contre, le redéploiement des appareils achetés sera plus complexe et prendra du temps, aux dires de Gnahoua Zoabli.

Le contexte de crise actuelle et ses défis ultérieurs constituent néanmoins une merveilleuse opportunité pour les ingénieurs et futurs ingénieurs biomédicaux, dont trois sont en formation dans son équipe, d’apprendre à fonctionner en période de pandémie.

 

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