Salaires et conditions de travail : zoom sur les jeunes professionnels du génie

Le quart (26 %) des professionnels du génie âgés de 18 à 34 ans se déclarent insatisfaits de leur salaire, une proportion plus élevée que celle de l'ensemble des professionnels interrogés (19 %), montre la plus récente enquête de Genium360 portant sur la rémunération des professionnels en génie du Québec et la seule en son genre au Québec. Ils sont aussi plus nombreux, soit 24 % contre 16 %, à estimer que le nombre de jours de congé auxquels ils ont droit n’est pas à la hauteur.

Des données qui ne surprennent pas Stéphane Simard, conseiller en ressources humaines agréé (CRHA), conférencier et auteur. Dans son tout dernier livre « Génération Z » qui paraîtra cet automne, il examine les attentes des jeunes nés entre 1995 et 2012 quant au monde du travail.  Selon sa recherche menée auprès de plus de 3 300 répondants de cette tranche d’âge, les horaires adaptés arrivent en tête de liste de leurs priorités.

« Les employeurs s’imaginent, à tort, que cela veut dire offrir des vacances illimitées, ou encore que les employés viennent travailler quand ils en ont envie, mais les jeunes sont très réalistes, nuance-t-il. Ce qu’ils veulent, c’est avoir la latitude de gérer les imprévus. Les horaires adaptés, cela peut donc signifier des congés, des vacances ou simplement un peu de flexibilité. »

Les possibilités d’avancement, la formation et la stabilité d’emploi suivent, tandis que le salaire arrive au cinquième rang, selon ce coup de sonde. De manière générale, les jeunes ont vite été rattrapés par l’inflation et la hausse du coût de la vie, puisque leurs revenus sont plus bas que celui de leurs collègues plus expérimentés, explique Stéphane Simard. « Ils ressentent une pression financière de plus en plus grande pour payer leur épicerie, leur loyer et même pour accéder à la propriété. »

Un marché au ralenti

Les finissants en génie empochent en moyenne un salaire de 71 999 $. Un chiffre en baisse par rapport à l’an dernier où ce montant s’élevait plutôt à 74 014 $. Par ailleurs, les nouveaux diplômés sont moins nombreux que l’an dernier (51 % contre 58 %) à estimer qu'il est facile de trouver un emploi correspondant à leurs attentes. Des difficultés qui pourraient être en lien avec le ralentissement récent du marché de l’emploi.

La situation économique a eu un impact direct sur l’offre de stages, du moins chez les étudiants l’Université de Sherbrooke qui offre neuf programmes en génie. « Pour l’automne et l’été 2024, la baisse [du nombre de stages offerts] était de l’ordre de 20 à 25 %, selon les programmes. Même s’il y a encore plusieurs stages très intéressants, certains étudiants ont remarqué une diminution de la qualité des certaines des offres », note Denis Castilloux, directeur du service des stages et du développement professionnel.

En effet, comme la pression est moins élevée sur les employeurs, plusieurs mandats intéressants sont confiés à l’interne, analyse le directeur. « Dans d’autres cas, les stages sont situés dans une autre région et les étudiants sont plus réticents à bouger, à cause de la pénurie de logements et de l’augmentation du prix des loyers. »

Toutefois, malgré cette diminution, le nombre d’offres dépasse toujours le nombre de candidats, nuance le directeur. Le recrutement de stagiaires continue d’ailleurs à faire partie de la réalité d’une majorité d’entreprises. De fait, 63 % des employeurs du domaine du génie interviewés par Genium360 dans le cadre de leur enquête sur le marché de l’emploi, ont recruté au moins un stagiaire en 2023-2024. La même proportion (62 %) prévoit le faire en 2024-2025.

« Les employeurs savent qu’avec la baisse des taux d'intérêt, ce ralentissement ne sera que momentané. Et lors de la relance, ils devront encore composer avec la pénurie de main-d’œuvre », explique le directeur. Ainsi, plusieurs continuent d’embaucher. Signe de cet optimisme, la Journée carrière en génie et en informatique de l’université de Sherbrooke, qui s’est déroulée en septembre 2024, a affiché complet – et il y avait même une liste d’attente.

Découvrez l’enquête, consultez sa méthodologie ou visionnez la conférence de lancement.

 

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