Marché de l’emploi en génie : une croissance au ralenti pour les entreprises au Québec

Même si la majorité des employeurs du domaine du génie ressentent encore les effets de la pénurie de main-d’œuvre, celle-ci semble s’atténuer légèrement. Alors que l’an dernier, 79 % des dirigeants d’entreprises du génie affirmaient que leur organisation faisait face à une pénurie de main-d’œuvre, cette proportion est passée à 61 % cette année. C'est ce que révèle la seule enquête sur la rémunération en génie au Québec dans son rapport du marché de l'emploi 2024-2025. 

L’étude indique également que les employeurs ont été un peu moins nombreux à embaucher au cours de la dernière année, cette proportion étant passée de 80 % à 74 %. Ce ralentissement, entre autres attribuable à la hausse des taux d’intérêt, s’est aussi fait sentir sur le terrain, note Marie-Pier Bédard, vice-présidente exécutive chez Randstad Canada. En 2023, le nombre de postes en ingénierie affichés par cette agence de placement a diminué de 30 %, comparé à l’année précédente. « Le portrait est un peu plus positif en 2024, même si nous avons constaté une baisse de 10 % de l’affichage pour les six premiers mois de l’année, dit-elle. On voit donc qu’après l’explosion de la demande en 2022, le marché tend à se stabiliser. »

Or, malgré cette baisse, la pénurie était telle que « ce n’est pas rare que les talents se retrouvent avec plus d’une offre sur la table », poursuit la spécialiste.

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Une demande qui reste forte dans certains secteurs

Certains secteurs, comme le manufacturier, ont été plus affectés que d’autres par ce ralentissement, note Marie-Pier Bédard. « En revanche, on voit que la demande demeure très forte pour tout ce qui touche des domaines comme la transition énergétique, la robotique, l’automatisation ou les énergies renouvelables. » Sous l’effet des investissements publics, notamment au fédéral, le marché de l’emploi en construction sera aussi très vigoureux, et ce, au moins jusqu’en 2030, ajoute-t-elle.

Les professionnels du génie spécialisés en énergie et environnement, en informatique et en construction figurent d’ailleurs parmi les plus recherchés, selon les 473 chefs d’entreprises du domaine du génie interrogés dans le cadre de l’enquête de Genium360. Toujours selon cette étude, la demande se fait aussi particulièrement sentir en dehors des centres urbains. « Cette difficulté à recruter en région amène les employeurs à revoir leurs critères à la baisse pour pourvoir leurs postes, en embauchant des professionnels moins expérimentés et en les formant », donne en exemple Marie-Pier Bédard.

Une pression sur les salaires

Même s’il a bougé, le balancier se trouve toujours du côté des professionnels du génie alors que 86 % des employeurs estiment qu’il est difficile de pourvoir leurs postes vacants. Dans ce contexte, offrir un salaire compétitif continue d’être une des stratégies les plus fréquentes pour contrer la pénurie de main-d’œuvre, tel que le font 54 % des entreprises sondées par Genium360. Les employeurs du domaine du génie font aussi des efforts pour rendre le milieu de travail agréable et attrayant (55 %) et offrir des conditions facilitant la conciliation vie personnelle-travail (43 %), montrent également les données de l’enquête.

La flexibilité demeure un autre important facteur d’attraction, tout comme la possibilité pour les professionnels de faire progresser leur carrière, note Marie-Pier Bédard. « Alors que des technologies comme l’intelligence artificielle sont en train de transformer le monde du génie, les travailleurs sont aussi très intéressés à développer leurs compétences pour les utiliser. Les organisations qui permettent aux professionnels d’apprendre à maîtriser ces outils se démarquent. » D’ailleurs, plusieurs employeurs offrent de la formation pour développer ces compétences, mentionne-t-elle, une tendance qui va continuer de croître en 2025.

Bref, la guerre des talents est loin d’être terminée pour les professionnels du génie et les employeurs s’arrachent encore les meilleurs. « Je pense que le domaine du génie continuera d’être bien positionné et que les perspectives d’emploi pour les prochaines années seront vraiment positives », conclut Marie-Pier Bédard.

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