Les défis de l’économie circulaire : entrevue avec Daniel Normandin

L’économie circulaire annonce un changement de comportement au potentiel immense pour soulager la planète, mais elle demeure méconnue et rencontre de nombreux obstacles.

La récente Conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15), qui s’est déroulée à Montréal en décembre 2022, a démontré l’urgence d’agir pour préserver les écosystèmes. Dans ce contexte, l’économie circulaire fait partie des solutions face à l’extraction sans fin des ressources, au gaspillage et à la pollution.

De quoi s’agit-il exactement?

Cette question, on la pose souvent à Daniel Normandin, directeur du Centre d’études et de recherches intersectorielles en économie circulaire et directeur exécutif du Réseau de recherche en économie circulaire du Québec. Également cofondateur du Centre international de référence sur l’analyse du cycle de vie et la transition durable, ce biologiste et gestionnaire de formation se spécialise dans la mise sur pied d’unités de recherche dans les secteurs du développement durable.

« L’économie circulaire est un modèle économique qui vise à optimiser l’utilisation des ressources qui circulent déjà dans le marché pour réduire la nécessité de recourir à des ressources vierges, dit-il. Le but est aussi de réduire les déchets générés à toutes les étapes du cycle de vie d’un produit ou d’une activité. »

Une approche qui a d’indéniables avantages, telle la réduction des émissions de GES et des déchets. Mais plus encore, selon Daniel Normandin, c’est une solution à l’impasse dans laquelle notre système économique est engagé depuis le début de l’ère industrielle.

« Les ressources sur la planète sont limitées, rappelle-t-il. Un jour ou l’autre, on va arriver au bout. Il faut donc absolument en circulariser l’usage. »

L’état des lieux

Où en sommes-nous sur cette voie? La situation est loin d’être reluisante, selon The Circularity Gap Report, un rapport publié annuellement depuis quatre ans par la Circle Economy, une organisation néerlandaise. La dernière édition, dévoilée en janvier 2023, nous apprend que la circularité de l’économie mondiale a diminué, passant de 9 % en 2018 à 7,2 % en 2022. De plus, au Québec, le taux de circularité n’est que de 3,5 %, selon Recyc-Québec.

« Annuellement, environ 100 milliards de tonnes de ressources entrent dans l’économie mondiale. Moins de 10 % sont recircularisées, indique Daniel Normandin. On exploite donc sans fin des ressources naturelles vierges pour répondre aux besoins. Or, il sera impossible d’atteindre nos objectifs de réduction d’émissions de GES si on ne passe pas à une économie circulaire. »

Et les obstacles systémiques sont nombreux, et ce, dans tous les secteurs. Par exemple, dans l’industrie de la construction, l’économie circulaire rencontre des obstacles logistiques, réglementaires, comportementaux et économiques. « C’est souvent plus facile de démolir que de restaurer. Il est plus simple d’envoyer des résidus de construction dans des sites d’enfouissement que d’essayer de les valoriser pour faire autre chose. »

De l’extraction des matières à la valorisation des déchets, en passant par la conception des produits, tous les secteurs du génie sont appelés à contribuer à l’amélioration du taux de circularité des chaînes de valeur.

On pourra en apprendre davantage sur le sujet aux Rencontres de génie, qui ont lieu le 30 mars 2023.

 

Crédit photo : Amélie Philibert (pour l'UdeM)

 

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