Vent d’optimisme chez les dirigeants d’entreprises de génie
90 % des dirigeants d’entreprises du domaine du génie se disent optimistes par rapport à l’avenir, et ce, même si certains enjeux, comme le ralentissement économique, l’inflation ou la pénurie de main-d’œuvre, pourraient venir assombrir le paysage.
Depuis quelques années déjà, le domaine du génie est porté par la croissance. Et 2023 ne fait pas exception à la règle, montrent les données de l’enquête Rémunération des professionnels en génie du Québec, rapport du marché de l'emploi 2023-2024, une étude publiée par Genium360 qui a permis de prendre le pouls de 250 dirigeants d'entreprises du domaine. En effet, 66 % des répondants ont vu leur chiffre d’affaires augmenter au cours de la dernière année et 18 % ont même composé avec une forte croissance. La majorité des dirigeants prévoient maintenir le cap l’an prochain, alors que 59 % d’entre eux estiment que leur chiffre d'affaires augmentera encore en 2024.
Des données qui font écho à ce que Bernard Bigras observe sur le terrain. Selon le président-directeur général (PDG) de l’Association des firmes de génie-conseil (AFG), cela montre la vigueur des différents secteurs économiques qui influencent le marché du génie. « Il y a vraiment une croissance soutenue qui se reflète sur nos données, autant en termes de ventes que d’emplois », affirme-t-il. Ainsi, le chiffre d'affaires du secteur du génie-conseil québécois est passé de 4,3 G$ en 2016, à 6,7 G$ en 2021. Sur la même période, le nombre d’emplois directs a grimpé de 33 %, frôlant les 28 000 en 2021.
Vigueur économique et investissements publics
« Cette croissance est directement liée à la vigueur économique, entre autres dans les industries lourdes avec la transition énergétique amorcée dans les secteurs de l’aluminium ou des mines. L’exploitation de minéraux critiques, en lien avec le développement de nouvelles filières électriques, soutient aussi la demande », explique-t-il. Le PDG cite en exemple Rio Tinto Alcan qui développe actuellement une technologie pour produire de l’aluminium sans émettre de gaz à effet de serre, ce qui nécessitera de repenser les procédés industriels grâce, entre autres, à l’expertise des ingénieurs.
Du côté public, les importants investissements dans les infrastructures publiques, alors que le Plan québécois des infrastructures 2023-2033 prévoit une enveloppe de 150 G$ en dix ans, un bond de 49,6 G$ par rapport au plan 2018-2028, participe aussi à cette vigueur, ajoute Bernard Bigras. Selon lui, les firmes ont également l’œil sur les opportunités à l’extérieur du Québec, entre autres sur le marché canadien et américain, avec l’adoption de l’Infrastructure Investment and Jobs Acts qui prévoit des investissements dépassant un trillion de dollars.
Quand la main-d’œuvre freine l’élan
Autant d’opportunités qui nourrissent assurément la confiance des dirigeants du domaine du génie, qui sont 90 % à se dire optimistes quant aux perspectives de croissance pour les trois prochaines années, selon les données colligées par Genium360. Or, certains enjeux pourraient venir assombrir le paysage. « Selon nos données, le manque de main-d’œuvre constitue le principal frein à la croissance », souligne Bernard Bigras. À cet effet, le portrait tracé dans l’enquête de Genium360 est on ne peut plus clair : 80 % des dirigeants disent être aux prises avec la pénurie et 83 % indiquent avoir de la difficulté à pourvoir les postes vacants. Cette situation amène même 11 % des dirigeants d’entreprises à craindre pour la pérennité de leur organisation.
« La croissance continuera d’être au rendez-vous, mais elle ne se calculera plus simplement en termes de chiffres d’affaires, mais en termes de capacité à exécuter des contrats », explique le PDG. Autrement dit, les dirigeants doivent pouvoir être en mesure d’offrir des conditions salariales représentant la valeur réelle du travail des ingénieurs, plaide-t-il.
L’importance de demeurer compétitifs
Sans compter que, dans le domaine du génie-conseil, les taux horaires offerts entre autres aux ingénieurs dans les contrats gouvernementaux ont fait du surplace pendant plusieurs années, rappelle Bernard Bigras. « En fait, ces taux étaient gelés depuis 2009, ce qui a creusé un écart important notamment avec le marché ontarien. » Or, à la suite de pressions de l’AFG, le gouvernement a accepté de majorer ses taux de 27,6 %. Cette hausse temporaire est en vigueur depuis avril 2023 et durera neuf mois, le temps de mener une analyse plus en profondeur des tarifs pour qu’ils soient représentatifs du marché. « Dans un contexte très concurrentiel, s’il n’y a pas d’équité, s’il y a un écart entre le salaire offert au Québec et ailleurs, c’est problématique », plaide-t-il.
Quelques faits saillants du rapport sur le marché de l’emploi
- 66 % des répondants ont vu leur chiffre d’affaires croître par rapport à l’année dernière
- 59 % anticipent une croissance encore cette année
- 90 % des répondants se disent optimistes, dont 20 % très optimistes, face aux perspectives de croissance au cours des 3 prochaines années
- 34 % se disent très ou assez inquiets des conséquences de l’inflation sur la vigueur de l’économie québécoise
- 80 % sont aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre
- 83 % ont de la difficulté à pourvoir les postes vacants
- 11 % indiquent que la pénurie de main-d’œuvre remet en question la pérennité de leur entreprise
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