Montréal, acteur majeur de l’industrie des effets visuels

Game of Thrones, Blade Runner 2049, Capitaine Marvel, Star Wars : Le réveil de la force… Les grandes productions hollywoodiennes sont nombreuses à solliciter les studios d’animation visuels (VFX) montréalais pour susciter l’émerveillement du public. Une situation entraînée par la fiscalité avantageuse dont profite le secteur et la présence d’une main-d’œuvre talentueuse et qualifiée.

L’industrie montréalaise des effets visuels croît à une vitesse fulgurante depuis trois décennies, si bien qu’elle compte aujourd’hui plus de 35 studios, dont plusieurs d’envergure internationale. Elle emploie plus de 63 000 personnes, dont quelque 6 200 animateurs et animatrices spécialisés en VFX, selon une étude de Montréal International.

Une situation qui aurait été difficile à prédire il y a un peu plus de 25 ans, au moment où François Lord, enseignant à l’École des arts numériques, de l’animation et du design (NAD) de l’Université du Québec à Chicoutimi, faisait ses débuts dans l’industrie. « À l’époque, nous étions une trentaine d’animateurs à Montréal, répartis dans quelques petites entreprises », se remémore-t-il.

Un coup de pouce financier

Puis, de nombreux studios étrangers sont venus s’implanter dans la métropole pour profiter des généreux crédits d’impôt et subventions mis en place par le gouvernement du Québec et le Conseil des arts du Canada. Plus encore, les avantages fiscaux ont permis l’émergence de nombreuses nouvelles entreprises québécoises qui rayonnent maintenant dans le monde, comme Rodeo FX, qui a notamment travaillé sur les effets visuels de Game of Thrones.

« Les crédits d’impôt sont vraiment au centre de tout, souligne François Lord. Encore aujourd’hui, c’est ce qui soutient l’effervescence qui fait de Montréal l’un des quatre plus grands centres de production de VFX au monde. »

Des conditions favorables pour la main-d’œuvre

Cette expansion rapide du secteur a également été facilitée par les nombreux programmes spécialisés dans le domaine qui permettent aux entreprises d’avoir accès à un large bassin de main-d’œuvre spécialisée. En 2020, Montréal International recensait ainsi 13 programmes d’études postsecondaires liés au domaine des effets visuels, auxquels s’inscrivent des milliers d’étudiants et d’étudiantes.

De plus, ajoute François Lord, le coût de la vie dans la métropole québécoise est grandement inférieur à celui de Vancouver, Londres et Los Angeles, soit les principales villes faisant concurrence à Montréal pour attirer les entreprises et les talents de l’industrie des VFX. « J’ai travaillé avec des collègues qui arrivaient de Londres et qui n’en revenaient pas de pouvoir se trouver un appartement à 5 minutes du bureau avec leur salaire. Là-bas, ils devaient faire deux heures de train pour aller travailler », illustre-t-il.

Grande pression…

Les gens œuvrant dans le domaine ont également su profiter de l’effervescence pour améliorer leurs conditions, même si le domaine reste très exigeant, notamment du côté des heures supplémentaires, selon François Lord.

« La particularité d’un projet de VFX par rapport à un projet informatique et même un jeu vidéo, c’est que la date de tombée ne peut tout simplement pas bouger », précise-t-il. En effet, dans le monde du cinéma, explique-t-il, la date de sortie est déterminée des mois à l’avance et publicisée, et ce, avant même que le travail ne soit terminé.

« Si nous rencontrons des problèmes, ce qui arrive souvent, nous sommes obligés de faire des heures supplémentaires pour compenser », résume-t-il.

De plus, nombre d’artisans et artisanes du domaine ont fait une sortie publique dans les dernières années pour dénoncer le fait que les cinéastes s’appuient de plus en plus sur les VFX pour créer l’ambiance, les décors et les effets spéciaux de leur production en plus de demander des effets toujours plus spectaculaires… sans toutefois nécessairement donner plus de temps aux studios pour y parvenir.

Ces pressions font partie de la réalité de l’industrie, mais elles peuvent être compensées dans la mesure où les projets sont gérés efficacement, nuance François Lord.

« Il y a des compagnies qui planifient très bien et qui ménagent ainsi leurs artistes, mais c’est vrai qu’il y en a qui ne font pas attention et qui se disent que puisqu’elles s’en sont toujours sorties, elles n’ont pas besoin de changer. »

Grands bénéfices

Pour François Lord, les nombreuses heures supplémentaires restent toutefois un petit prix à payer pour avoir la chance d’exercer ce métier qui allie la science, la technique et la production artistique.

« C’est sûr que c’est exigeant, conclut-il. Mais en même temps, c’est super gratifiant. On a la chance de travailler dans un environnement hyper stimulant, de rencontrer des gens passionnés et de faire un travail créatif. » Et qui sait, peut-être même de travailler sur le film ou la série dont tout le monde parlera ?

 

Photo : Une scène de la série Stranger Things (Netflix) créée par le studio montréalais Rodeo FX.
Crédit : Rodeo FX

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