Se relever pour réussir : le parcours de Guillaume Parent

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Il y a quelque chose de particulier à interviewer un ami et un collègue. Il y a beaucoup d’a priori, une nervosité aussi à rendre justice à quelqu’un que l’on devrait bien connaître. Or, voilà qu’en posant des questions que l’on n’avait jamais pris le temps de poser, on découvre des pans de vie déterminants d’une personne qui se dévoile dans sa complexité.

J’ai rencontré pour la première fois Guillaume alors que nous étions tous deux étudiants à l’École de technologie supérieure (ÉTS) et impliqués dans la vie étudiante. Autour d’un repas ou d’une pinte au Pub 100 génies, je revois toute la fougue, la passion d’un jeune homme qui avait plein d’idées et qui visiblement était énergisé par l’idée d’entreprendre. Au fil des ans, j’ai vu cet homme vieillir, grandir et maturer.

Si vous rencontrez Guillaume aujourd’hui, vous aurez l’impression qu’il a la sagesse de quelqu’un de plus vieux que lui. C’est non seulement le signe d’une responsabilité qu’il porte vis-à-vis ses partenaires et employés, mais aussi la marque des épreuves qu’il a traversées ces dernières années.

Vous sentirez aussi une humble assurance, celle de quelqu’un qui a su dire « oui » à l’appel qu’il avait au plus profond de lui, nonobstant les difficultés consubstantielles que cela imposait. C’est l’autre nom de la liberté.

Les chemins de nos succès ne sont pas linéaires. Entrevue avec Guillaume Parent, président-directeur général de Gallea, la plus grande galerie d’art en ligne au Québec.

 

***

 

Fils d’un père diplômé en génie et d’une mère en communication marketing, Guillaume Parent a grandi sur la Rive-Sud de Montréal entouré des œuvres de sa mère et de sa grand-mère, cette dernière ayant même enseigné les arts visuels.

Or, c’est la robotique et l’entrepreneuriat qui, déjà à un jeune âge, intéressent plus particulièrement Guillaume.

« En maternelle, je faisais des dessins de vaisseau spatial et j’en échangeais contre des collations. »

L’entreprise de dessins de Guillaume prend des proportions surprenantes. « À un moment donné, j’avais tellement de collations dans mon petit casier que certaines passaient la date de péremption avant que je ne les mange. Ah ah ah! »

C’est donc très tôt dans la vie que Guillaume fût confronté à la dure réalité de l’entrepreneuriat, parsemée d’essais, d’erreurs et de pelures de bananes.

 

Le choix du génie

Au secondaire, Guillaume joue pendant 4 ans au football américain dans une ligue amateur sur la Rive-Sud de Montréal. Il est nommé recrue de l’année à sa première année, puis joueur défensif de l’année ainsi que capitaine de son équipe l’année suivante.

Cette expérience lui donne l’opportunité d’apprendre les rudiments du travail d’équipe, mais également d’occuper une position de leadership où il a le devoir de donner l’exemple et d’inspirer ses coéquipiers.

Dans ses temps libres, il fait également du porte-à-porte afin de solliciter les gens de son quartier pour ramasser leurs feuilles mortes, sinon pelleter leurs entrées.

À la fin de ses études secondaires, Guillaume s’inscrit en technique de génie mécanique au cégep du Vieux-Montréal. « Je savais que je voulais aller à l’ÉTS pour aller chercher un parcours plus technique, plus hands on sur le terrain. »

Comme l’ÉTS est réputée pour accueillir davantage d’étudiant(e)s issu(e)s de programmes techniques, le choix d’aller en technique de génie mécanique plutôt qu’en sciences de la nature était tout à fait censé.

 

De la robotique à l’entrepreneuriat

Le domaine d’intérêt premier de Guillaume est alors celui de la robotique.

À l’automne 2014, fraîchement arrivé à l’ÉTS, il s’implique dans le Comité étudiant de GPA (CÉGPA) à titre de responsable des finances et organise des activités d’ordre social pour les étudiant(e)s de cette spécialité du génie.

Néanmoins, la passion de l’entrepreneuriat rattrape rapidement Guillaume.

Avec un ami, il cofonde Ingetud, une plateforme où des entreprises pouvaient présenter des projets d’ingénierie sur lesquels des étudiants pouvaient être amenés à travailler moyennant une rémunération, et ce, à temps partiel, pendant les sessions où ils étaient aux études.

C’est que la formule coopérative de l’ÉTS promeut l’alternance travail-études. Or, la majorité des étudiant(e)s préservent des emplois à temps partiel pendant les études, entre les stages et qui ne sont pas liés au milieu du génie. « Ça n’avait pas de sens pour nous que les étudiants reviennent de stages en industrie et se remettent à travailler comme caissier ou emballeur entre les sessions. »

Embûches réglementaires et changements de priorités faisant, Guillaume laisse tomber quelque temps après cette entreprise pour se tourner vers les études et l’implication parascolaire auprès du Réseau d’entrepreneuriat technologique et stratégique (RÉTS).

C’est alors qu’il se familiarise avec l’écosystème entrepreneurial de l’ÉTS ainsi qu’avec le Centech, l’incubateur d’entreprises technologiques affilié à l’École.

Sur le plan académique, il décide de surcroît de s’inscrire au cours d’initiation à l’entrepreneuriat donné par Pierre Laferrière, un cours s’adressant aux étudiant(e)s en génie qui souhaitent se lancer en affaires ou, plus largement, s’initier aux notions d’entrepreneuriat technologique.

« À la fin du cours, il fallait présenter une idée d’entreprise devant un jury fictif composé de différents gens d’affaires. C’est à cette occasion que j’ai présenté pour la première fois une idée que nous avions eu pendant la session et qui devint Gallea. »

À la fin de leur présentation, impressionné, un juge leur propose même de postuler au Centech, ce qu’ils font quelque temps après.

 

L’aventure entrepreneuriale

À l’automne 2016, Guillaume et son associé de l’époque font leur entrée au Centech au sein du programme d’accélération, un programme de 3 mois à l’issue duquel une présentation doit être donnée devant le comité de sélection du Centech qui juge alors les différentes entreprises et leur permet (ou non) de passer à l’étape suivante, c’est-à-dire au programme d’incubation de deux ans.

Peu de temps après, son partenaire d’affaires décide de quitter l’aventure pour poursuivre d’autres intérêts et Guillaume combat un problème de santé, ce qui ralentit la progression de l’entreprise. Le Centech donne même un délai supplémentaire à Guillaume pour qu’il puisse faire une présentation devant le comité dans de meilleures circonstances.

Guillaume investit ce temps de sursis pour bâtir une équipe de 4 personnes avec une expertise en programmation, en finance et en marketing. Ils montent alors une version prototype du site web de Gallea et préparent un budget prévisionnel ainsi qu’une présentation pour le comité de sélection.

C’est donc après moult tribulations que l’équipe de Gallea présente, à la fin de la session d’hiver 2017, sa présentation devant le comité de sélection du Centech.

Gallea est alors refusée pour le programme d’incubation. Cette nouvelle en décourage plusieurs qui quittent alors l’entreprise, cette dernière ne comptant alors plus que Guillaume et Samuel, directeur technologique et principal programmeur.

 

Se relever

Par suite de ce refus, Guillaume poursuit ses études et continue de travailler au développement de Gallea avec Samuel.

C’est pendant cette période que l’on pourrait qualifier de survivance (entre avril 2017 et décembre 2017) qu’un ami lui présente une certaine Lin Zi Shang, artiste peintre et aujourd’hui directrice des opérations de l’entreprise.

Le trio se relève les manches et, en janvier 2018, la première vraie version du site web est lancée.

À l’été 2018, Guillaume termine ses études à l’ÉTS et peut enfin, pour la première fois, s’impliquer auprès de Gallea à temps plein sans autre « distraction ». Le développement de l’entreprise passe alors à une vitesse supérieure.

En janvier 2019, la plateforme est relancée, supportée par une nouvelle technologie, et l’entreprise déploie ses premiers abonnements payants mensuels pour les artistes. Les abonnements pour les commerces suivront peu après.

Depuis ce temps, non seulement la communauté d’artistes s’agrandit (passant d’un nombre de 300 en avril 2019 à plus de 800 en avril 2020), mais le réseau de lieux d’exposition croît également à un rythme accéléré, donnant ainsi une dimension physique à l’expérience connectée de Gallea qui se veut une expérience O2O (« On-line to Off-line »). De ce point de vue, l’entreprise réussie même à percer le marché des complexes hôteliers et affiche depuis février dernier des œuvres au prestigieux hôtel Le Crystal à Montréal.

Ainsi, les ventes augmentent – les besoins aussi – et l’équipe passe de 3 à 11 personnes. De plus, l’entreprise se dote d’un comité consultatif, instrument de support aux dirigeants concernant les orientations stratégiques.

Le vent dans les voiles, on ne voyait pas ce qui pourrait stopper l’erre d’aller de cette entreprise en croissance.

 

Gallea à l’heure de la pandémie du Covid-19

Or, les circonstances entourant la pandémie du Covid-19 ont obligé Gallea à innover.

L’entreprise s’est adaptée très rapidement : télétravail, informations fournies à la clientèle, transpositions des efforts en événementiel et sur le terrain vers une priorisation des opérations en ligne. L’entreprise démontre encore une fois sa résilience.

Pour l’heure, Gallea lancera prochainement une campagne publicitaire mettant de l’avant l’achat local. Elle incitera notamment les travailleurs faisant du télétravail à se doter de tableaux afin d’embellir leur décor de fond, eux qui se retrouvent de plus en plus en contexte de visioconférences.

Par ailleurs, d’ici le 12 avril, Gallea recueille des dessins en noir et blanc afin de constituer un cahier à colorier des destinations du Québec.

Finalement, Guillaume demeure optimiste, malgré les circonstances, planifiant déjà l’expansion de l’entreprise au Canada anglais et en France.

« Des gens de partout à l’international nous contactent pour savoir quand nous pourrons les desservir chez eux. (…) C’est certain que la crise nous a obligé à revoir notre plan de match à court moyen terme, mais je ne suis pas inquiet pour l’avenir. Le marché est là et nous serons prêts à la reprise. »

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