Révolution numérique dans l’industrie aérospatiale au Québec

La précédente entrevue avec SF Tech et son président (accessible ici sur le blogue) a révélé l’utilisation de plusieurs programmes mis en place par Aéro Montréal. Or, quels sont-ils et comment pouvez-vous y faire appel ? Pour éclairer la révolution numérique dans l'industrie aérospatiale au Québec, nous avons rencontré Mélanie Lussier, Vice-présidente, Opérations chez Aéro Montréal.

Une révolution numérique dans l'industrie de l'aérospatiale au Québec

Comme elle nous l’explique, Aéro Montréal est le forum stratégique de concertation qui réunit les dirigeants d’entreprises, les institutions d’enseignement, les centres de recherche ainsi que les associations et syndicats, tous en lien avec l’aérospatial. Il ne faut pas oublier qu’au Québec, l’aérospatiale représente :

  • 205 entreprises, dont 188 PME
  • 39 130 travailleurs et travailleuses
  • Un chiffre d’affaires de 14.4 milliards de dollars
  • La première exportation en importance du Québec

En effet, le caractère global de l’industrie aérospatiale oblige une compétitivité relevée, du personnel hautement qualifié et une maturité numérique, d’où la mise en place de programmes de maturation numérique spécifiques à cette industrie.

Les programmes public-privé en aérospatiale pour appuyer la révolution numérique

Suite au lancement de la stratégie québécoise de l’aérospatiale, il existe maintenant une multitude de programmes publics et public-privés. Explicitons-en quelques-uns, déjà mentionnés dans les articles précédents :

  1. MACH FAB 4.0, d’Aéro Montréal

L’initiative consiste en du mentorat et du financement pour les entreprises de l’aérospatiale désirant effectuer leur virage numérique.

  1. Manufacturiers Innovants, d’Investissement Québec

Le programme fournit de l’aide, des conseils et du financement pour les entreprises manufacturières désirant innover en commençant un virage numérique.

  1. PME 2.0, du CEFRIO

Celui-ci accompagne les PME de l’aérospatiale ainsi que de la mode et du vêtement dans leur processus de maturation numérique.

Ce qui est particulièrement intéressant, avec MACH FAB 4.0, c’est qu’à ce jour, seulement la moitié des projets prévus ont été soumis. Comme l’explique Mme Lussier : « L’initiative avance bien. Nous avons déjà réalisé 2 appels à projets qui ont résulté en 27 projets soumis sur une capacité de 50 projets au total. 14 sont déjà démarrés et 13 le seront dès le début de 2018. À terme, nous aurons atteint 50 PME, ce qui représente plus de 25% des PME québécoises de l’aérospatiale. Nous croyons que cette masse critique sera suffisante pour causer un effet boule de neige au sein de l’industrie. » Le programme est financé à 45.3% par le gouvernement et à 54.7% par l’entreprise (dont 24.7% en contribution monétaire et 30% en contribution en nature). Chaque projet a un budget maximal de 600 000$.

Les critères d’application à ce programme sont simples : avoir l’ambition d’effectuer un bond technologique, posséder 30% du chiffre d’affaires en aérospatiale et vouloir intégrer l’un des 9 piliers du 4.0 à son entreprise. On parle ici d’un programme qui va redéfinir un volet de l’entreprise, si ce n’est pas l’entreprise en entier : « Il est primordiale de faire la démonstration d’une stratégie numérique complète, de processus d’affaires matures », souligne-t-elle.

Les bonnes bases pour commencer sa révolution numérique 4.0

L’un des conseils premiers de Mme Lussier est de ne pas réaliser ses ambitions en solo : « Les technologies que nous finançons sont transférables d’une entreprise à l’autre afin de mutualiser les coûts et maximiser l’effet de levier. Les compétiteurs ont d’excellentes idées d’amélioration opérationnelle : le fait de mettre ces idées en commun n’affectera pas votre avantage compétitif, ce qui vous différencie. Au contraire, elles permettent de maintenir et de rehausser la compétitivité de nos entreprises. » En effet, la grappe aérospatiale québécoise est « tissée serrée ».

Elle mentionne aussi de profiter des programmes en place, qui tendent à se multiplier au fur et à mesure du déploiement de la stratégie numérique québécoise par la ministre Anglade. De nombreux experts, provenant de compagnies privées, d’associations, du gouvernement, sont aussi disponibles afin d’aider les entreprises. Finalement, ne pas négliger les effets sur les ressources humaines : « Il faut évaluer dès le départ l’impact de la transition numérique sur les employés bien avant son déploiement. Il est primordial de briser les mythes avec ses employés plutôt que de faire une transition numérique qui amènera le remplacement de la main d’œuvre qualifiée par des robots; c’est plutôt la technologie qui se met au service des employés. »

 

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