Le secteur manufacturier : Une industrie 4.0 qui valorise les données numériques

« Ce qui se faisait il y a une vingtaine d’années dans le manufacturier ne se fait plus aujourd’hui. » – Yves Proteau, Co-Président d’APN.

Cette citation illustre bien le bouleversement que vivent actuellement les manufactures québécoises. En effet, comment tirer parti de cette industrie 4.0 en 2018? Quels sont les facteurs clés d’une transformation numérique réussie? Combien coûtent de telles démarches? Dans cette série de 4 articles, nous explorons avec les acteurs québécois de la révolution numérique ces enjeux afin de démystifier cet univers.

Industrie 4.0 et la valorisation des données numériques 

Le concept d’« industrie 4.0 » est apparu avec l’atteinte d’une maturité de la troisième révolution industrielle. Malgré qu’il soit encore possible aujourd’hui d’améliorer mécaniquement son usine, c’est de plus en plus ardu, comme le souligne Yves Proteau, d’APN : « On a atteint un plateau. L’amélioration mécanique est incrémentale, de l’ordre de quelques pourcents. En utilisant le numérique, on valorise l’information et on retrouve ces augmentations appréciables de la productivité d’avant. » Alors que dans le passé, en achetant une machine on doublait la productivité, ce même achat aujourd’hui est beaucoup moins significatif. C’est spécialement vrai dans le domaine de l’aéronautique, où la précision requière d’emblée la dernière technologie. L’industrie se tourne alors vers la valorisation des données afin de trouver des gains d’efficacité intéressants.

La valeur ajoutée du numérique pour le secteur manufacturier

Or, comment se lancer dans de tels changements? M. Proteau explique : « Il faut avoir le courage de faire le premier pas. En commençant par un petit projet, vous serez en mesure d’apprécier instantanément la valeur ajoutée du numérique. » Pour une transformation de grande envergure, beaucoup de soutien du gouvernement est disponible actuellement. APN a, par exemple, obtenu 4 millions en prêts du programme « Manufacturiers Innovants », chapeauté par le MESI et IQ. Cet argent sert principalement à développer les interfaces logicielles permettant l’intégration des systèmes informatiques. On a alors, sous une même interface accès aux dessins techniques, au progiciel de gestion, aux logiciels de simulation, etc. C’est donc essentiel, car « Les systèmes utilisés ne sont parfaits. Il faut développer des outils d’intégration » selon lui.

industrie 4.0

Industrie 4.0 : une culture de changement

Une approche intéressante est ici utilisée au sein de l’entreprise pour y arriver. M. Proteau dit s’être inspiré des géants des TI, avec leurs pratiques de programmation agile. Des implémentations progressives, des consultations avec les utilisateurs avant la phase de conception, des mises à jour logicielles hebdomadaires… « Tout est mis en œuvre afin que les employés évoluent dans un environnement dynamique. Une fois la culture d’entreprise orientée vers une culture de changement, les employés apprennent à apprivoiser les nouveautés rapidement. », nous explique le co-président d’APN. Celui-ci favorise une mentalité où l’esprit analytique, c’est-à-dire des décisions basées sur des données, est encouragé. Par exemple, tout projet d’amélioration continue doit être appuyé sur des données.

Ces politiques ont un effet tangible et mesurable sur l’entreprise. M. Proteau nous en énumère quelques-uns, résumés ci-dessous :

  • En deux ans, augmentation de 100% de l’utilisation des machines
  • L’an dernier, diminution du coût d’outillage de 40%
  • Volume d’affaires avec P&W multiplié par 4
  • 100% de livraison à temps et de qualité chez P&WC depuis 2 ans

Celui-ci souligne l’importance de l’analytique pour la haute direction : « On peut maintenant moduler nos décisions, nos plans stratégiques directement sur les données. L’ère de l’intuition est terminée. »

Manufacturier Machinerie

Développer des processus intelligents pour augmenter l'efficacité et la qualité

La prochaine étape pour APN? Maintenant que les données sont produites et qu’elles sont analysées, il faut les incorporer à des processus intelligents. C’est ici que l’intelligence artificielle entre en jeu. L’entreprise a récemment engagé des étudiants au doctorat afin de réaliser cet objectif. Par exemple, l’un d’entre eux travaille à développer un ajustement en temps réel de la machine suite à la dilatation thermique : « Plus la machine est utilisée, plus elle chauffe, elle vibre. Celle-ci peut apprendre à l’aide d’algorithmes à corriger ces perturbations. On limite alors l’intervention humaine en plus de produire des pièces de haute qualité. »

Pour en savoir plus sur la transformation numérique dans le secteur manufacturier :

Le génie en innovation pour une transformation numérique réussie

Virage technologique vers l’usine du futur 4.0 

Revenir au dossier [RDG] Génie 4.0 : 4e révolution industrielle

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