Réhabilitation environnementale du projet Turcot : quels outils?

Symbole de modernité lorsqu’il fut mis en service en 1967, le célèbre échangeur Turcot, tout de béton et d’acier, a été construit en hauteur afin de ne pas entraver le trafic ferroviaire et fluvial. Le nouvel échangeur dont le nombre de structures aériennes doit être diminué sera essentiellement construit sur remblais plutôt que sur piles. Depuis l’annonce du projet de reconstruction en 2007, de multiples études et mémoires ont été publiés, et le sujet demeure un objet d'actualité qui soulève les passions, fascine, et ne laisse personne indifférent. Malgré tout ce qu’on peut en dire, le plus important projet routier au Québec, qui implique la reconstruction de quatre échangeurs dans un milieu urbain, fait la fierté des artisans qui travaillent à sa réalisation. Son site se trouvant dans un milieu où des activités industrielles ont eu cours depuis le XIXe siècle, on y répertorie des sols aux profils de contamination divers. Les remblais, dont ceux de l’ancien lac à la Loutre, les activités ferroviaires du secteur et les réservoirs de produits pétroliers qui s’y trouvent sont les principales sources de contamination. La vaste superficie du site qui correspond à environ 2 millions de m² ajoute à la complexité du projet de construction et réhabilitation.

Les défis reliés à la cartographie de contamination sur le terrain étant nombreux, l’innovation et la recherche de solutions venant des professionnels impliqués sont essentiels pour voir au succès de ce projet.

David Maréchal, directeur Environnement et Qualité pour KPH Turcot, partenariat responsable de la conception-construction des infrastructures principales du projet Turcot, et Nicolas Sbarrato, chargé de projet WSP, étaient invités à présenter leur démarche dans le cadre des travaux de réhabilitation environnementale du site lors de la dernière édition d’AMERICANA.

Les deux ingénieurs à l’enthousiasme contagieux ont accepté de partager les outils clés sur lesquels ils se sont appuyés pour ce projet d’envergure qui vise à minimiser l’empreinte écologique des travaux de réhabilitation environnementale du site.

Les défis du projet de construction et réhabilitation de Turcot

  • Environ 2 500 polygones de formes irrégulières
  • Étendue et caractéristiques du site limitant le repérage
  • Présence de plusieurs dizaines d’équipes de travail, incluant des compagnies de sous-traitance
  • Circulation de machinerie lourde sur chemins principaux et secondaires remaniés régulièrement
  • Tenue des travaux dans un contexte urbain
  • Contexte règlementaire complexe

Les outils, facteurs clés et les solutions apportées

  • Les « types » de réhabilitation ont été adaptés en fonction du profil de contamination, ce qui a permis de réduire les coûts, les émissions des GES découlant du camionnage et le stress écologique lié aux fournisseurs de matériaux de remblais (sablières, carrières, etc.) ;
  • Des outils électroniques tels que des équipements de repérage embarqués ont été utilisés, parmi lesquels se trouvait l’outil d’arpentage Trimble. Le recours aux technologies a permis de diminuer le temps d’attente relié à l’arpentage, d’optimiser la productivité des équipes d’excavation en plus de diminuer les coûts ;
  • Les matériaux contaminés ont été revalorisés grâce à l’approche de réhabilitation par gestion du risque, ce qui a permis de limiter le transport et le stress sur les sources commerciales pour l’importation de matériaux de remplacement ;
  • Un système de couleurs pour cartographier les types de sols a permis de créer un langage commun et de simplifier la compréhension de tous les intervenants dont plusieurs n’avaient jamais travaillé avec des sols contaminés ;
  • L’utilisation de tablettes électroniques et applications adaptées a permis à tous les agents de chantier d’obtenir l’information en temps réel. Le recours aux tablettes a également favorisé l’uniformité de l’information, le partage et la mise à jour des données entre le chantier et le bureau.

Photo : KPH Turcot, un partenariat S.E.N.C

À partir d’un encadrement légal et règlementaire précis, les objectifs ont été ajustés, et des mécanismes ont été mis en place pour optimiser la réhabilitation. À la lumière de leur expérience, Nicolas Sbarrato et David Maréchal s’entendent pour dire que le recours aux outils numériques et technologiques (GPS, drones, tablettes, etc.) dont les fonctionnalités peuvent être améliorées en cours de route, a contribué à limiter les problématiques et rendu les professionnels plus efficaces sur le terrain. Cela dit, ces nouvelles technologies apportent des besoins de formation différents, ce qui n’est pas à négliger, tout comme la validation de la théorie sur le terrain et les communications continuelles entre les différents intervenants, comme c’est toujours le cas, quelle que soit l’envergure du projet.

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