Faire pousser des légumes sous un soleil artificiel grâce à la deeptech

À l’automne 2020, Sollum Technologies a installé 5 300 luminaires dans les serres du producteur ontarien Allegro Acres dans l’espoir d’y cultiver des piments.

La jeune pousse a cherché la meilleure recette pour éclairer les plants, qui exigent un fort ensoleillement pour pouvoir pousser, et ainsi reproduire la lumière naturelle du soleil. « Et ça a fonctionné! s’exclame la tête dirigeante de l’entreprise, Louis Brun. Les premiers piments ont été cueillis avant Noël. »

Pour parvenir à produire ces légumes, Sollum Technologies a mis en place un système d’éclairage intelligent qui recrée parfaitement la lumière du soleil au fil de la journée. Il est configuré selon des paramètres qui comprennent la position géographique, l’heure et la date, les conditions météorologiques et l’altitude.

« On est capables de reproduire le soleil au sommet du mont Everest », illustre Louis Brun.

Le système de Sollum Technologies est aussi en mesure d’analyser la lumière naturelle qui pénètre dans une pièce et de la bonifier avec ses lampes à DEL.

Sollum Technologies

Financement important

Pour élaborer les meilleurs scénarios d’éclairage selon les variétés et leur stade de croissance, Sollum Technologies s’est allié à des centres de recherche ainsi que le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) et Agriculture et Agroalimentaire Canada.

L’entreprise profite aussi de toutes les aides financières offertes par les gouvernements, notamment pour la recherche scientifique et le développement expérimental.

« La deeptech demande plus de rigueur dans la démarche et les stratégies de mise en marché parce que les besoins en capitaux sont importants, mentionne Louis Brun. Quand on prend une direction, on fait des choix technologiques qui ont un impact sur le design. On ne peut pas changer d’idée, comme dans la production d’un logiciel, où on n’a qu’à changer le code. »

Lent décollage

La technologie utilisée par Sollum a été mise au point en 2015 par Gabriel Dupras, Jacques Poirier et François Roy-Moisan pendant leur projet de fin d’études à l’École de technologie supérieure de Montréal (ÉTS). Louis Brun, ingénieur de formation, s’est joint à eux l’année suivante, question de trouver du financement et de commercialiser le produit.

Louis Brun Sollum Technologies

S’en est suivie une longue période de recherches et de développement au cours de laquelle plusieurs projets pilotes ont été réalisés, notamment pendant la restauration de tableaux et d’artéfacts. Avant même le début la pandémie de COVID-19, Sollum Technologies a ciblé son marché : les serres horticoles.

« On voyait qu’il y avait un besoin, mentionne Louis Brun. Les producteurs contrôlent l’humidité, l’arrosage et les nutriments, mais pas la lumière. On est le chaînon manquant de la culture en environnement contrôlé. » Tout ça grâce à la deeptech!

Les Producteurs horticoles Demers ont aussi mis à l’essai la technologie dans le cadre d’un projet expérimental visant à cultiver des piments et des tomates pendant l’hiver. À Laval, la Ferme Vaillancourt a fait de même pour faire pousser des agrumes, comme des yuzus, des mains de Bouddha et des limes kaffir.

« On a permis d’accélérer l’innovation chez ces producteurs », dit Louis Brun.

Accélération pandémique

Le débat sur la souveraineté alimentaire qui a éclaté pendant la pandémie de COVID-19 a permis d’attirer l’attention sur de nouvelles solutions technologiques, comme celle proposée par Sollum Technologies. L’entreprise a ainsi connu une croissance — son équipe est passée de 15 à 45 membres depuis le début de la crise sanitaire —, qui devrait s’accélérer en 2022.

Déjà, la surface où seront cultivés des piments dans les serres d’Allegro Acres en Ontario triplera cette année. Sollum Technologies envisage aussi de réaliser d’autres projets, notamment dans le domaine de l’élevage des animaux, mais aussi de l’éclairage des maisons, des écoles et des bureaux.

« Mais en deeptech, le défi demeure de bien comprendre les problématiques et de proposer des solutions optimales », souligne Louis Brun.

 

Photo de couverture: iStock

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