Simulation de haute-fidélité et formation en santé : une entrevue avec Erick Fortin
La simulation comme outil de formation est le fil conducteur dans le parcours d’Erick Fortin. Employé de CAE depuis sa sortie des études, il a œuvré dans des domaines aussi variés que l’aéronautique (civile et militaire) et les mines. Il occupe maintenant le poste de directeur de l’ingénierie et de l’innovation pour la division Santé.
Conférencier lors des Rencontres de génie le 24 mars dernier, Erick Fortin a exposé comment la simulation de haute-fidélité, la réalité augmentée et mixte et les plateformes de formation virtuelle permettent d’améliorer la formation et la sécurité des patients et patientes dans le domaine de la santé.
Comment la simulation de haute-fidélité peut-elle aider les médecins à soigner leurs patients et patientes ?
La simulation permet de créer des scénarios. Par exemple, les simulateurs d’ultrasons proposent plus de 200 pathologies différentes, dont certaines sont extrêmement rares. D’autres simulateurs sont consacrés à la chirurgie cardiaque interventionnelle. On peut penser ici au remplacement de valves cardiaques ou à la cryoablation.
Les scénarios et les mises en situation permettent au personnel de répéter les gestes. Une erreur en simulation est une occasion d’apprendre. On recommence jusqu’à ce qu’on devienne un expert.
Au rythme où vont les avancées technologiques dans le secteur médical, les médecins et les infirmières doivent être formés en continu afin d’être en mesure d’utiliser la nouvelle technologie efficacement et de sauver plus de vie. On peut faire le parallèle avec les pilotes d’avion, qui doivent faire de la formation dans des simulateurs de vol tous les six mois afin d’être prêts à toute éventualité.
Comment êtes-vous passé de l’aviation à la santé?
Je voyais mes collègues du domaine de la santé se promener avec des bras, des jambes, assembler des mannequins et faire des simulateurs de chirurgie. Ça m’impressionnait énormément. De plus, la mission est tellement noble. Celle du domaine de l’aviation l’est également, mais cela me paraissait plus concret du côté de la santé.
C’est également un terreau extrêmement fertile pour l’innovation. C’est ce qui a motivé mon passage à la santé.
Quel a été l’impact de la pandémie sur votre travail?
Le confinement des premiers mois a forcé la fermeture des centres de simulation. La demande pour de la formation à distance a augmenté. Nous avons donc mis la simulation haute-fidélité qui s’exécute dans nos mannequins dans l’infonuagique, de sorte qu’aujourd’hui nous avons des « jumeaux numériques » de nos mannequins. Nous disposons de patients virtuels et d’équipements médicaux simulés virtuels.
La formation peut se faire à distance à partir de la maison, en équipe avec un instructeur ou individuellement. Avec ce genre d’innovation technologique, la réalité physique côtoie la réalité augmentée et la réalité virtuelle. Et la beauté de tout ça, c’est qu’on peut partager les mêmes scénarios de simulation dans le monde physique et dans le monde virtuel.
C’est étonnant de voir une entreprise spécialisée dans l’aviation utiliser son expertise dans un tout autre secteur que le sien.
Quand on compare le domaine de l’aviation avec celui de la santé, on peut faire des parallèles. Les deux comportent des opérations critiques et vitales, où il y a peu ou pas de marge d’erreur. Ce sont des domaines où les impératifs de sécurité sont similaires.
Cela dit, il y a encore beaucoup à faire en santé sur le plan de la formation par simulateur. Nous n’en sommes qu’au début. Le potentiel est énorme.