Samuel Pierre : authentique et engagé
Pour tracer le portrait de l’ingénieur Samuel Pierre, il faut plusieurs plumes. Une pour les études et l’enseignement au Département de génie informatique et génie logiciel à Polytechnique Montréal, une ou deux autres pour dresser la liste des nombreux prix et distinctions qu’il a reçus, et au moins une dernière pour tout nuancer et laisser apparaître un être humain comme il s’en fait très – trop – peu.
Lorsqu’on lui demande ce qui le rend le plus fier dans son parcours professionnel, il n’hésite pas une seconde : « c’est l’impact sur les gens », dit-il avec une voix assurée et un large sourire.
Ces gens, pour le professeur Samuel Pierre, ce sont ses étudiants, à tous les niveaux universitaires. « L’impact en sciences est habituellement évalué par le nombre de citations d’articles scientifiques que vous écrivez… Pour moi, la véritable mesure c’est le nombre de personnes pour qui vous avez rendu la vie facile, que vous avez guidées et qui sont satisfaites du chemin qu’ils ont fait grâce à votre accompagnement. »
Pas surprenant qu’il ait d’abord voulu étudier en ingénierie pour « changer le monde », lance-t-il. « L’ingénieur résout des problèmes pour rendre les gens plus heureux : ils érigent des ponts pour que les gens ne soient pas isolés et ils connectent des ordinateurs pour mieux communiquer! »
Une solidarité authentique et un engagement profond
Et Samuel Pierre a un véritable impact qui contribue à rendre le monde meilleur. Son projet en cours : rien de moins que la création d’un établissement universitaire en Haïti. L’Institut des sciences, des technologies et des études avancées d’Haïti, situé à Milot, existe depuis 2013.
L’établissement fonctionne grâce aux enseignements bénévoles d’un regroupement de quelque 200 professeurs du Québec (près de 40 % de l’effectif), du Canada, des États-Unis, de France, de la Suisse, de la Belgique, du Maroc, du Sénégal et d’Haïti. Ces professeurs dispensent leurs cours à distance et se rendent parfois dans la perle des Antilles pour une semaine ou deux. L’Institut décerne une cinquantaine de diplômes par année.
L’objectif : freiner l’exode des talents haïtiens qui vont poursuivre des études à l’étranger et qui ne reviennent pas au pays. Selon les chiffres de la Banque mondiale,, près de 85 % des personnes haïtiennes avec un diplôme d’études postsecondaires vivent à l’étranger. « On forme à la maîtrise et au doctorat pour redonner une tête à Haïti qui a été décapitée par le régime Duvalier. »
Reconnaissance et diversité
Un tel personnage ne passe pas inaperçu. La plus récente distinction qu’il a reçue, en juin 2021, est la prestigieuse médaille d’or d’Ingénieurs Canada, qui souligne ses réalisations exceptionnelles et son engagement envers l’amélioration de la qualité de vie de la population québécoise, canadienne et d’ailleurs dans le monde. On reconnaît bien là sa volonté d’éclairer la route pour les autres. Une liste complète de ses prix et distinctions peut être consultée sur son profil de Polytechnique Montréal.
Lorsqu’on lui demande si son parcours intellectuel a été affecté par ses origines, il répond spontanément que la diversité est une richesse et non un obstacle. « Sans ces visions différentes du monde, la qualité de nos prises de décisions souffrirait. J’amène un angle de vue totalement différent et un autre système de valeurs. Fort heureusement, car sinon, on aurait tendance à répéter sans cesse les mêmes choses », s’exclame-t-il en riant.