Gérer la construction d’une minicentrale hydro-électrique

Pour favoriser les retombées régionales lors de la construction de la minicentrale hydro-électrique communautaire sur la 11e chute de la rivière Mistassini, la Société de l’énergie communautaire du Lac-Saint-Jean qui a développé le projet, a scindé le projet en 15 lots de construction avant de le transférer à la société en commandite Énergie hydroélectrique Mistassini, qui gère le projet. La technique a si bien fonctionné que l’on retrouve plusieurs dizaines d’entrepreneurs sur le chantier, ce qui représente toutefois un défi de taille pour la gestion du projet.

« C’est tout un défi de gérer les différents entrepreneurs qui sont répartis sur les différents lots de construction », admet Jonathan Launière, ingénieur géologue au sein du Groupe PEK, une entreprise autochtone qui se spécialise dans les projets d’énergie et adjoint au chargé de projet pour Énergie hydroélectrique Mistassini, une société en commandite créée pour la construction de la minicentrale.

Un autre défi : gérer le débit de l’eau en fermant alternativement les branches de rivière se trouvant de part et d’autre d’une ile, et ce, malgré les sautes d’humeur de mère Nature. Au printemps 2016, la crue des eaux a fait craindre le pire aux équipes de construction, qui travaillait sur le bras ouest de la rivière, asséchée, alors que l’eau passait par le bras à l’est. Un gros épisode de pluie et des prévisions de crue exceptionnelle ont forcé Jonathan et son équipe à échafauder un plan d’urgence pour sauver le maximum d’infrastructures. Heureusement, la catastrophe n’a pas eu lieu, mais l’adrénaline était à son comble!

Malgré le stress presque continu, Jonathan Launière aime les défis auxquels il est confrontés au quotidien. « On est une petite équipe, ce qui m’amène à toucher à tout », mentionne l’homme de 33 ans, qui a également travaillé sur le projet de minicentrale à Val-Jalbert (16 MW).

Pendant ses études à l’Université Laval, il a aussi fait un stage sur les grands barrages d’Hydro-Québec sur la rivière Péribonka (405 MW), une opportunité qui lui a confirmé qu’il était dans le bon domaine. « J’ai toujours collectionné des roches et j’imagine que ça m’a influencé quand j’ai choisi le génie géologique », soutient l’ingénieur qui après avoir travaillé LVM Technisol à sa sortie de l’université en 2008, est revenu s’établir dans la communauté innue de Mashteuiatsh en 2011.

Pekuakamiulnuatsh Takuhikan (le nom du conseil de bande de Mashteuiatsh) est d’ailleurs grandement impliqué dans les projets d’infrastructure de la région, à travers des entreprises comme le Groupe PEK. Le conseil de bande a d’ailleurs conclu un partenariat avec les MRC du Domaine-du-Roy et Maria-Chapdelaine pour fonder la Société de l’énergie communautaire du Lac-Saint-Jean. C’est ce partenariat qui a mené à la construction de deux minicentrales dans la région. Les profits engendrés par ces projets seront d’ailleurs réinvestis dans les projets de développement sur le territoire.

Cette entente amène un sentiment d’appartenance supplémentaire à Jonathan Launière, car une partie des profits sera réinvestie pour des projets de développement dans sa communauté. De plus, il assume également un rôle de modèle pour les jeunes qui aspirent à faire des études en génie. « C’est un champ d’études prometteur parce que les minières et les autres employeurs sont toujours à la recherche de personnel autochtone compétent », dit-il.

Si les études permettent de bâtir une fondation de connaissances solides, c’est sur le terrain que se fait le vrai apprentissage du métier, estime Jonathan. « Il faut être ouvert à tout et ne pas avoir peur des défis, car la réalité sur un chantier de construction est bien différente que sur les bancs d’école », conclut-il en riant.

La construction de la minicentrale de la 11e chute sur la rivière Mistassini, qui produira 18,3 MW, devrait entrer en service en décembre.


Le projet en bref

Puissance installée 18,3 MW, soit la consommation annuelle en énergie de 3600 foyers.
Durée du contrat avec Hydro-Québec 20 ans. Le contrat est renouvelable pour une autre période de 20 ans.
Prix de vente de l'électricité 7,5 cents le kWh et indexation 2,5% par an à compter de 2010.
Coût du projet 68,1 millions

Retombées régionales

Emplois lors de la construction 100 emplois sur une période de deux ans
Emploi en phase exploitation 1 emploi
Liquidités totales générées (25 ans) Plus de 79 millions $
Liquidités générées en moyenne par année (25 ans) 3,16 millions $
Impact économique global (direct, indirect et induit) en phase construction 108,4 millions /dont 74,9 millions $ dans la région (part de 69,1%)
Impact économique global (direct, indirect, induit) de l’an 1 en phase d’exploitation
(en excluant les surplus versés aux partenaires)
1,6 million $/dont 955 00$ dans la région
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