Les bâtiments en bois à la rescousse des changements climatiques
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Lorsqu’on parle de bâtiments et de changements climatiques, la majorité d’entre nous pense à la mécanique et aux équipements de ces constructions. Or, qu’en est-il de la conception et de la contruction de telles bâtisses?
Michael Green, architecte, fondateur de la firme qui porte son nom, responsable de la construction de bâtiments tels que le T3 de Minneapolis, l'un des plus hauts bâtiments en bois des États-Unis, nous l’explique : « Contrairement à tout autre matériau avec lequel nous construisons, le bois stocke le carbone. Lorsqu'un arbre est pris et utilisé dans un bâtiment qui, espérons-le, durera des siècles, ce morceau de bois stocke le dioxyde de carbone dans le matériau pour la durée de vie du bâtiment. C'est un élément extrêmement important dans notre façon de lutter contre le changement climatique. Si le bois provient de plantations gérées de manière durable, cela peut également contribuer à réduire la déforestation.
D'ici 2050, l'ONU prévoit que 68 % de la population mondiale vivra dans des zones urbaines et que nous devrons construire 2 milliards de nouveaux logements au cours des 80 prochaines années.
Dans le même temps, l'horloge tourne pour sauver la planète des effets du changement climatique. À l'échelle mondiale, le secteur du bâtiment est responsable de près de 40 % des émissions de CO2 liées à l'énergie et la construction d’un bâtiment représente le quart de son empreinte carbone. Le bois ayant déjà capturé son carbone et requérant peu de transformation, il représente la meilleure méthode de réduction d’émissions à la source. » Tour d’horizon de cette idée de génie avec un expert de calibre international.
Les avantages du bois
M. Green est sans appel concernant les avantages de son matériau chouchou : « Il a été démontré que l’être humain apprend plus rapidement dans un environnement en bois, tout comme il est généralement moins stressé. C’est la direction qu’a prise Sidewalk Labs, une compagnie que possède Alphabet, la maison-mère de Google. »
C’est en effet la décision que la compagnie a prise avec son controversé projet sur les berges du lac Ontario, puisqu’elle veut construire un quartier complet avec des bâtiments en bois [1]. Lorsqu’on lui parle du danger que ces constructions prennent en feu, il dissipe les craintes : « Les billots de bois utilisés dans leur construction sont si gros qu’ils sont presque impossibles à embraser. En fait, les normes exigent qu’ils soient encore structurellement fiables après 1 heure de brasier. »
Des embûches dans la règlementation
Pourquoi ne pas construire des bâtiments en bois de 20, voire 30 étages? C’est le Code national du bâtiment qui l’empêche. Résultat direct des lobbys selon l’architecte : « Le Code du bâtiment est, historiquement, le résultat de pressions des lobbys de l’industrie. La limite de 12 étages pour un bâtiment en bois par exemple, est parfaitement arbitraire. » C’est là selon lui le principal obstacle au fleurissement de cette technique d’avant-garde. Ces limites artificielles empêchent l’innovation, une qualité bien québécoise selon lui : « Le peuple québécois a cette audace de faire mieux avec moins, en plus d’être entouré de forêts. Il a toutes les qualités d’un futur leader mondial », nous explique-t-il.
Les codes de construction sont en train de changer aux États-Unis et au Canada. Les discussions sont en cours et l'objectif est d'autoriser la construction de bâtiments pouvant atteindre 20 étages, si le code est adopté en 2021. « Il faut pour cela la volonté d'un promoteur visionnaire et la volonté de toute une communauté qui comprend qu'elle veut faire partie de la prochaine génération, et non de la dernière. »
Le progrès passe par l’éducation
Afin de faire progresser le gouvernement et les mentalités, Michael suggère d’y aller avec l’éducation et une approche holistique de tous les aspects de la construction en bois. Plusieurs pistes sont à suivre selon lui : « Nous sommes en train de travailler sur une formation en ligne gratuite - Timber online education, TOE - pour les ingénieurs civils et architectes sur la conception avec le bois et, autre exemple, en incitant l'implication d'organismes dans le programme Wood Works. » Il tient à rappeler que l’heure est à la responsabilisation et que chacun peut jouer son rôle dans la lutte aux changements climatiques : « C’est une opportunité collective incroyable pour les ingénieurs et ingénieures d’utiliser cette belle créativité qu’ils ont afin de faire plus, plus rapidement. »
Photo par Jung Ho Park via Unsplash.
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