L’Institut EDDEC nous explique : économie circulaire vs développement durable

Daniel Normandin est cofondateur et directeur exécutif de l’Institut EDDEC. Il donnera la conférence d’ouverture L’économie circulaire : concepts de base et opportunités lors de l’événement Rencontres de génie du 22 février 2018 à Montréal. J’ai eu l’opportunité de lui poser quelques questions pendant plus d’une trentaine de minutes pour comprendre ce qu'est l'Institut EDDEC et en savoir plus sur l'économie circulaire vs le développement durable. Je dois dire que son engouement pour ce sujet est contagieux.

Qu’est-ce que l’Institut EDDEC ?

L’Institut EDDEC est un Institut fondé en avril 2014. Il regroupe plus de 400 professeurs, chercheurs et étudiants œuvrant au niveau de l’environnement, du développement durable et de l’économie circulaire. Ceux-ci proviennent des 3 établissements du Campus de l’Université de Montréal (incluant l’École Polytechnique de Montréal et HEC Montréal). 

Institut EDDEC économie circulaire

La mission de l’Institut EDDEC est de briser les silos disciplinaires et favoriser des projets sur des thématiques prioritaires – dont l’économie circulaire – qui n’étaient pas du tout pris en compte jusqu’alors par le monde de la recherche, non seulement au Québec mais en Amérique du Nord. 

Cette idée d’un institut en économie circulaire m’est venue alors que j’étais chez Quantis, une firme spécialisée en analyse environnementale et sociale du cycle de vie que j’avais cofondée en 2009.

Je voyais la thématique de l’économie circulaire se développer assez intensément en Europe ainsi qu’en Asie et je trouvais que le modèle économique en question faisait beaucoup de sens.

Après quelques recherches, je me suis aperçu qu’il n’y avait rien ici, que ce soit sur le plan des entreprises, du gouvernement ou des universités. Pour faire une histoire courte, je suis allé présenter mon idée aux représentants du Campus de Montréal qui avaient déjà dans les cartons de monter un institut en environnement et développement durable. On a joint nos 2 projets pour former l’I-EDDEC.

Jusqu’à présent, quelles sont les réalisations de l'Institut EDDEC et qu’est-ce qui s’en vient?

Partis de zéro en 2014, nous sommes maintenant rendus avec une multitude de projets qui sont tous un peu interreliés les uns avec les autres. Ceux-ci permettent au Québec de monter en compétence sur le sujet de l’économie circulaire: un premier bouquin intitulé L’économie circulaire – une transition incontournable, la première école d’été en Amérique du Nord, des cours à Polytechnique et à l’Université de Montréal au niveau gradué, des projets de recherche-action avec des territoires et des entreprises, etc. 

Prochainement, il y aura aussi une plateforme web, les premières assises québécoises, un MOOC, etc. Le Québec se positionne de plus en plus comme un leader de l'économie circulaire en Amérique du Nord.

Est-ce que les gens sont plus à l’écoute lorsqu’on leur parle d’économie circulaire vs développement durable ?

Beaucoup d’efforts ont été mis depuis les 20 dernières années pour faire en sorte que les entreprises, les gouvernements et la société en général deviennent plus durables. Mais c’est difficile. Le développement durable est souvent relégué au second plan lorsqu’il s’agit de poser des actions concrètes. 

L’économie circulaire quant à elle, c’est un modèle économique d’abord et avant tout. Il y a des retombées d’affaires qui sont concrètes. On se dit que si les entreprises et les sociétés se dirigent vers un modèle économique plus circulaire, plus sobre en consommation de ressources, il y aura la création d’emplois, de nouvelles entreprises, de nouveaux types de produits et services.

Si c’est bien fait, on devrait normalement avoir une réduction globale de l’empreinte environnementale - y compris les gaz à effet de serre - en plus d’une bonne santé économique.

Pourquoi est-il important de tenir un événement sur l’économie circulaire?

C’est important parce que cela permet d’ouvrir les yeux à une communauté qui est celle des ingénieurs. Ceux-ci ont un rôle majeur à jouer dans le déploiement de l’économie circulaire. Ils sont au cœur de cette transition parce qu’elle fait appel à une réflexion sur la façon dont on consomme les ressources. Ce sont eux qui en fin de compte qui conçoivent les produits et éventuellement les mettent en production.

Les ingénieurs ont été formés jusqu’à présent à produire efficacement le plus grand nombre d’unités possibles par unité de temps. Maintenant, il faut changer cette perspective-là. 

L’économie circulaire réclame une concertation entre les différents acteurs du marché : les consommateurs, les ingénieurs, les gens de marketing, les gouvernements, … Il y a vraiment une coopération qui doit s’opérer pour que tout le monde puisse regarder dans la même direction et faire face aux mêmes objectifs en termes de productivité de matière. 

Cet événement permettra de leur montrer que c’est quelque chose de moins en moins marginal et qu’il y a des opportunités à saisir. 

Que manque-t-il pour passer à la prochaine étape? 

Je dirais la sensibilisation. On est vraiment à cette étape-là. De plus en plus de gens ont entendu parler de l’économie circulaire, sans trop savoir ce que c’est. Il y a encore énormément de sensibilisation à faire pour que le concept soit bien connu et que les gens aient une définition commune de ce que c’est. Nous travaillons beaucoup à des outils de vulgarisation et de communication pour faire en sorte que ce nouveau modèle économique soit mieux connu de même que ses composantes. 

En dehors de la sensibilisation, qui est la première étape, il y aussi toute la question de la formation. Former les gens à l’économie circulaire, mais aussi former des formateurs – des relais – qui pourront répondre au besoin grandissant en formation. Cela permettra d’amplifier le mouvement.


L'économie circulaire vous intéresse ?

 

 


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