Génie-conseil : le parcours de Jean-François Vallée

Le milieu du génie-conseil en est un de performance où, heures facturables obligent, les gens investissent généralement leur temps de la façon la plus productive possible, le plus souvent au service d’un client. Pas le temps de niaiser, comme dirait l’autre.

Pour faire une analogie avec le monde animal, la firme de génie-conseil est une ruche d’abeilles où chacune travaille infatigablement sur ses tâches à accomplir. Vous essayerez d’arrêter l’une d’entre elles pour 45 minutes d’entretien, voir si c’est facile.

« C’est pour quoi? Un article de blogue? Je n’ai vraiment pas beaucoup de temps cette semaine! Je te reviens avec des propositions pour un appel bientôt. » Ouais…

Tour de force, j’ai réussi à m’asseoir avec un ingénieur-conseil qui a même des responsabilités de gestion. Imaginez! Entretien avec Jean-François Vallée, Chef de service, Électricité haute tension, Énergie, à WSP Canada.

De Val-d’Or à Québec

Originaire de Val-d’Or en Abitibi, Jean-François Vallée s’inscrit d’abord en science de la nature au cégep avant de poursuivre ses études au baccalauréat en génie. « J’étais au cégep. Ce qui m’accrochait, c’était que le génie était un domaine pratique. Ça m’attirait plus que les domaines comme la biologie et la chimie. J’ai commencé mon cégep en Abitibi pour le finir à Québec. »

Il réfléchit ensuite au fait de déménager à Montréal, mais s’inscrit finalement à l’Université Laval, à Québec. « J’ai choisi la ville avant tout. Je partais de Val-d’Or, j’avais visité Montréal quelques fois, mais je voyais Québec comme une ville de transition. J’avais des amis aussi qui avaient été vivre à Québec, donc ça me donnait des points de repère. »

Il amorce ses études universitaires en génie informatique, mais change après une session en génie électrique. « J’aimais bien davantage l’aspect électrique que la programmation ou le logiciel. Le plus drôle, c’est que c’est en électricité que j’avais le moins d’affinité au cégep! Est-ce que c’est l’aspect défi qui m’a attiré? Je ne sais pas » dit-il, ricanant.

Énergie électrique

Il se spécialise d’abord en contrôle avant que son expérience professionnelle ne le dirige davantage vers l’électricité haute tension. « J’ai commencé avec un stage en énergie qui avait un lien avec la gestion et l’analyse de données. C’était en planification de la ressource éolienne. C’est après que j’ai évolué tranquillement vers la production d’énergie, l’électricité de puissance et la haute tension.

Il faut savoir que chez WSP, le groupe de réalisation des projets en énergie était scindé en deux : il y avait ceux qui développaient les centrales hydro-électriques et il y avait un groupe qui développait le secteur éolien. Je faisais partie du deuxième groupe. On évaluait le potentiel d’énergie éolienne en mesurant les vents sur différents sites. Avec le temps, avec les différents projets, on a fusionné les groupes techniques et on a mis en place différents services.

C’est là que le tournant s’est fait, pour ma carrière en énergie. Avec le départ  d’un des ingénieurs séniors, je me suis retrouvé rapidement l’un des plus anciens du service électrique et j’ai pris de plus en plus de responsabilités au fil des ans. »

En 2006, l’équipe énergie compte environ 15-20 personnes au Québec. Aujourd’hui, c’est plus de 160 personnes qui œuvrent au sein du groupe Énergie juste au Québec, et environ 250 à travers le Canada. Comment expliquer cette croissance fulgurante? « Ce qui est le plus impressionnant, c’est que nous n’avons fait aucune acquisition en Énergie au Québec pour arriver à ce nombre et seulement deux firmes d’environ 15 personnes dans l’ouest il y a environ 10 ans. Au Québec, tout vient de notre croissance organique. (…) Ça a été un énorme défi de gestion. S’il me manque des cheveux à 39 ans, ce n’est pas pour rien! » dit-il, rieur.

Former la relève

Fait intéressant, Jean-François met beaucoup d’emphase dans son travail à former une relève de qualité. Selon lui, il est important que les jeunes professionnels soient compétents, solides techniquement et qu’ils adhèrent aux valeurs du groupe et de l’organisation. « La passion est super importante. L’appropriation des projets aussi est fondamentale, et il y a aussi la qualité des livrables. Cette formule-là nous a profité. On a beaucoup de clients récurrents grâce de cela. »

Il affecte fréquemment les nouvelles personnes au sein de son équipe à des mentors, chose qu’il aurait probablement aimée lui-même lorsqu’il était un jeune professionnel. « Je me suis développé à la dure, car il n’y avait pas nécessairement de sénior pour me superviser en début de carrière. Aujourd’hui, je suis très attentif au développement des jeunes que l’on embauche. C’est important de les laisser chercher un peu, c’est bon pour l’autonomie, mais il faut aussi leur transmettre la connaissance et les guider. Il y a aussi un équilibre à avoir entre débrouillardise et support. »

On reconnaît ici les caractéristiques d’un milieu traditionnel – au sens managérial du terme – où l’expérience et la transmission font office de socle pour soutenir le développement des jeunes professionnels. Mais qui dit traditionnel ne veut pas dire à l’encontre du progrès et des nouvelles tendances!

Le milieu du génie-conseil est un milieu qui valorise aussi l’avancement du savoir ainsi que le progrès technique et technologique.

Tradition et progrès

Or, comment survivre dans un monde en constant changement? Les études en génie y préparent relativement bien, selon Jean-François. « Les caractéristiques de chacun des projets changent. Donc c’est en continuel mouvement et ce n’est pas vrai que tu vas tout connaître pour réaliser un mandat. Donc, apprendre à apprendre, c’est très important. Ça, c’est quelque chose qui demeure de la formation en génie. Aussi, le génie-conseil, c’est un domaine où ta carrière peut prendre plusieurs directions. »

Ainsi, il faut savoir s’orienter, et aux grandes ambitions, les grandes angoisses! « Les gens qui veulent évoluer comme chargé(e) de projets et éventuellement directeur(trice) de projets doivent apprendre des connaissances dans plusieurs disciplines : structure, civile, mécanique, électrique, etc. Le milieu du génie-conseil permet d’en apprendre davantage sur différents domaines, justement. »

Alors, est-ce mieux de se spécialiser ou d’être touche-à-tout? « Il y a besoin des deux. Ma préférence personnelle serait d’abord de toucher à tout avant de se spécialiser. Est-ce qu’on sait vraiment ce qu’on veut lorsqu’on sort de l’École? Je n’ai pas l’impression. C’est préférable d’essayer différentes choses et de faire un choix ensuite. »

***

Le génie-conseil ouvre les portes à un univers de possibilités. C’est un environnement bouillant, parfois stressant, mais oh combien formateur.

À ceux qui aiment le confort et la certitude, fuyez!

Par contre, à celles et ceux qui ont faim d’aventures : le génie-conseil n’attend que vous.

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