Le réseau 5G, opportunités et défis pour le génie : retour sur la conférence
La conférence du 29 novembre dernier sur le réseau 5G a rassemblé une impressionnante brochette de présentateurs invités issus de l’industrie des technologies. L’événement présenté en collaboration avec les partenaires La Personnelle et Desjardins a permis d’aborder les principaux enjeux liés à l’émergence de cette technologie pour les professionnels et d’identifier les points clés pour s’y préparer.
La 5G connectera les gens, mais aussi les objets avec une plus grande rapidité et une latence réduite. Ces hautes performances assureront une fiabilité jusque dans les systèmes de production. Nous devons collectivement saisir les opportunités qui en découlent, certes, mais comment mettre à profit la 5G dans le milieu du génie? C’était la question de départ soulevée par Alex Veilleux, chef de l’innovation chez Vooban, qui a animé cette fascinante discussion.
Le futur est connecté et la 5G est la plateforme qui le rendra possible
Le premier invité, M. Pierre Boucher, directeur général d’Innovation ENCQOR, a présenté les grands concepts permettant de comprendre la logique et l’infrastructure du réseau 5G ainsi que l’essentiel des raisons pour lesquelles nous devons nous y intéresser.
Responsable de coordonner l’initiative transformationnelle qui vise à placer le Canada en première ligne de la scène mondiale pour le développement des technologies de communication à haute vitesse de prochaine génération, Pierre Boucher a d’abord rappelé les bases techniques de la 5G.
L’infrastructure 5G offrira des performances accrues, une connectivité omniprésente et une communication fiable en milieu urbain, à l’intérieur et à l’extérieur. Les cellules sur lampadaires et poteaux de services publics (100 fois plus qu’en 4G) permettront :
- une distribution d’énergie plus uniforme ;
- de multiples utilisateurs, massive MIMO (Multiple Input Multiple Output) ;
- le filtrage spatial (beamforming) qui diminue le nombre d’antennes requis.
Le découpage du réseau (i.e. Network Slicing) permettra aux fournisseurs de services de bâtir des réseaux virtuels bout à bout adaptés aux besoins des applications. La réseautique par tranches quant à elle, permettra de différencier les services et de réserver les tranches dans le réseau en fonction des catégories. Les services et l’infrastructure 5G satisferont 3 catégories de besoins :
- Communication critique (ex.: véhicules autonomes)
- Communication intermachine (M2M, IoT)
- Pour les masses (ex.: téléphones intelligents)
Par exemple, pour les communications critiques, il deviendra possible de réserver des tranches où la latence est optimisée. M. Boucher a par ailleurs abordé la question de la très haute bande passante de la 5G qui est de l’ordre de 24 - 86 GHz - ondes millimétriques (MMW).
Selon M. Boucher, la normalisation de la 5G est prévue pour 2020, mais elle coexistera encore longtemps avec les technologies 4G, 3G et même 2G.
M. Boucher a poursuivi en soulignant les réponses de la 5G aux points d’accrochage parmi lesquels on retrouve :
- La perte de signal à haute vitesse : avec la 5G, l’interface aérienne et le réseau supportent jusqu’à 500 km/h. Le Network Function Virtualization (NFV) permettra une meilleure optimisation de l’utilisation des ressources.
- La latence : pour la 3G et 4G, elle est de l’ordre de 120 ms et 45 ms. Avec la 5G, celle-ci devrait être réduite à 1 ms.
- Le débit de transmission : actuellement, le temps de téléchargement d’un film de 5 Gb en 4G ou 4G+ est de 6 ou 2 minutes. On estime que la 5G réduira ce temps à 4 à 40 secondes.
- Manque de contrôle du trafic de bout en bout du réseau: la 5G et le Software Defined Networking (SDN) permettront un contrôle de bout en bout, ce qui éliminera la catégorie de trafic par utilisateur.
En concluant sa présentation, M. Boucher a indiqué entrevoir un avenir radieux pour le développement de la 5G au Canada. Celui-ci estime que la technologie nous permettra collectivement de réaliser des projets qu’il nous reste encore à imaginer.
Les questions que soulève la 5G
La suite de la conférence portait plus spécifiquement sur les impacts de la 5G sur les métiers du génie et les pistes d’action pour s’y préparer. Alex Veilleux était entouré de Paul Baptista, Directeur de programme chez Ericsson Canada, d’Eric L’Heureux, CEO chez Ambra Solutions, de Benoit Pelletier, Directeur Développement des affaires chez Ciena et de Carl Chouinard, Chef AI chez Vooban.
La sécurité en 5G
La sécurité est actuellement une question qu’Eric L’Heureux aborde en misant sur la main-d’oeuvre qualifiée et insiste sur le fait que l’ensemble des industries doivent y être sensibilisées.
Pour Carl Chouinard, la prise de décision à l’intérieur des modèles d’intelligence artificielle est actuellement difficile à interpréter. Quelle source de données amènera le modèle à prendre une décision, dans un contexte de vie ou de mort en voiture autonome par exemple? Selon lui, « il faut bien s’outiller pour interpréter ce qui se passe en intelligence artificielle. L’arrivée massive des objets connectés et la transmission des données en temps réel nous offrent une bonne vision de l’environnement et permettent de prendre des bonnes décisions. La 5G permet d’éviter les biais cognitifs à l’intérieur du réseau » a-t-il ajouté.
Avec 152 000 objets qui se connecteront chaque minute, la congestion sera inévitable et la 5G apportera de la flexibilité pour déterminer le niveau de priorité par tranche niveau de service, selon Benoit Pelltier. « Dans les réseaux par tranches, il faut donner un niveau de services, on doit pouvoir accéder à des réseaux adaptatifs pour prioriser les canaux » a-t-il précisé.
Le coût de la 5G
Tous les invités se sont entendus pour dire que les fournisseurs de services ne pourront poursuivre avec le modèle existant. De nouvelles règles sont d’ailleurs attendues des gouvernements et de nouveaux modèles d’affaires devront émerger du côté des entreprises. La clé de la réussite réside dans la mise en place de processus collaboratifs de toutes les parties prenantes.
La 5G : un outil de plus dans le coffre de l’ingénieur
Alex Veilleux a rappelé que la philosophie derrière la stratégie de la 5G est de permettre aux Canadiens d’avoir une proposition de valeur ajoutée par rapport à la compétition internationale. À ce sujet, Eric L’Heureux ajoutait que nous avons l’obligation d’innover pour éviter de nous faire dépasser. Il a également précisé que la 5G n’était pas une fin en soi, mais qu’elle nous offre plutôt des possibilités pour créer ensemble, un avantage compétitif. Paul Baptista a par ailleurs ajouté qu’il y a urgence d’agir. Il a rappelé que « nous n’avons que quelques années pour prendre le virage. Il y a une vitesse de pointe dans les PME et elles vont mobiliser le reste de l’industrie ». Il a conclu en précisant qu’actuellement, on observe que les entreprises et les industries qui ont fait le virage se démarquent et dépassent largement les autres.
Benoit Pelletier croit pour sa part que la créativité des Québécois et la capacité de travailler en collaboration pour trouver des solutions permettront de nous positionner avantageusement comme chef de file à l’échelle mondiale.
La 5G : la colonne vertébrale des révolutions technologiques à venir
Maxime Clerk, Directeur principal de Prompt a bouclé la matinée en présentant les objectifs d‘ENCQOR qui signifie « Évolution des services en Nuage dans le Corridor Québec-Ontario pour la Recherche et l’innovation ». Avec comme objectif de créer un écosystème d’entreprises interreliées qui auront un dénominateur commun dans l’utilisation de la G5, il a insisté sur l’importance des impacts transformationnels de la 5G dans tous les champs de pratique de la société.
Pour réaliser les projets au Québec, les deux sites d’innovation sont le CENTECH à Montréal et le centre de recherche et technologie de Thales Canada à Québec. Les entreprises qui s’engagent avec ENCQOR bénéficient d’un accès privilégié à une plateforme d’expérimentation haute technologie appuyée sur des infrastructures de pointe en plus de soutien technique.