Comprendre les facteurs de risque psychosociaux au travail en 4 grands volets

Finie l’époque où l’on considérait surtout les soucis de santé physique des travailleurs sans trop d’égards à leur santé mentale. Les risques psychosociaux font désormais partie intégrante des préoccupations liées à la santé mentale en milieu professionnel. Mylène Lachapelle, partenaire d’affaires RH au sein de l’Équipe Humania, explique comment les identifier au sein de quatre sphères principales du travail.

Au début de sa carrière il y a 24 ans, Mylène Lachapelle remarquait que les entreprises se concentraient principalement sur l’évaluation des risques mécaniques liés aux équipements et aux positions de travail, négligeant souvent les facteurs psychosociaux affectant les employés. « Aujourd’hui, elles sont mieux sensibilisées à ces risques, mais les statistiques précises sur leur prévalence nécessiteraient une analyse approfondie. »

Les quatre sphères des risques psychosociaux

Se basant sur les travaux de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Mylène Lachapelle identifie quatre sphères principales dans lesquelles les risques psychosociaux peuvent être regroupés : l’organisation du travail, les pratiques de gestion, les conditions d’emploi et les relations sociales.

Au sein de ces sphères, on trouve 12 facteurs de risque spécifiques, parmi lesquels le contexte de l’emploi, la charge de travail, le soutien des supérieurs immédiats et des collègues, l’autonomie décisionnelle, l’information et la communication. Pour éviter d’être aux prises avec des problèmes de santé mentale au sein de ses équipes – épuisement professionnel ou dépression, par exemple –, l’employeur doit porter une attention particulière à chacune de ces constituantes du milieu de travail, en particulier les plus « risquées », comme le manque de soutien, le climat dans l’équipe, les rôles et responsabilités flous, l’absence de processus définis et la charge de travail. Après avoir suivi la formation de Genium360 intitulée Comprendre et prévenir les risques psychosociaux… guide de survie pour le chargé de projet, vous y serez pleinement sensibilisé.

Dans la pratique

« Le facteur de risque rencontré le plus souvent est probablement la charge excessive de travail, indique Mylène Lachapelle. On oublie parfois de considérer ce facteur dans son ensemble. Il ne s’agit pas seulement du nombre d’heures de travail réel, mais d’un équilibre parfois non respecté entre la quantité de travail et les contraintes de temps qui sont associées à la charge. La surcharge entraîne non seulement des heures supplémentaires, mais également une lourde charge mentale qui peut conduire à l’anxiété et à l’épuisement. Cela peut être résolu en révisant les rôles ou les responsabilités et en éliminant des tâches, plutôt qu’en procédant seulement à de nouvelles embauches. »

Les problèmes liés au climat de travail entre collègues sont également fréquents. « Ils sont plus complexes, car il y a autant de cas qu’il y a de personnalités, analyse Mylène Lachapelle. Mais je peux vous confirmer que je remarque dans ma pratique de nombreux cas où des collègues ont des comportements d’incivilité entre eux. Ça peut amener des arrêts de travail, de l’anxiété, de l’insomnie. »

Il va sans dire qu’en plus d’affecter la santé des employés, ces situations ont des coûts pour l’entreprise, liés à l’absentéisme, au roulement de personnel, aux départs prématurés à la retraite, aux accidents de travail, etc.

Un grand cadre de référence

Mieux vaut prévenir que guérir (voir notre article sur le sujet), et au-delà des actions spécifiques à chacun des facteurs de risque qui doivent être mises en place pour les diminuer, la spécialiste RH recommande de formuler de grands principes généraux qui les englobent tous. « On pourra par exemple instaurer un code de civilité à l’intention de toutes les équipes, s’assurer de respecter le cadre de la loi sur le harcèlement au travail et prôner des valeurs organisationnelles qui tiennent compte des quatre sphères de facteurs de risque psychosociaux. »

Au Québec, la récente Loi modernisant le régime de santé et sécurité du travail donne un coup de pouce aux organisations soucieuses de la santé mentale en comprenant désormais des éléments de santé psychosociale dans ses principales dispositions. Les comités de santé et sécurité à mettre en place en vertu de cette loi seront désormais actifs sur le plan de la santé mentale : c’est une excellente nouvelle!

 

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