Comment gagner sa vie grâce au eSport?

Avec la montée du sport électronique, les carrières dans le domaine deviennent réalité. Mais s'il est possible de gagner sa vie avec l'e-sport, c'est encore difficile de percer.

« C'est comme le sport. Il y a des millions de personnes qui jouent au soccer, et très peu qui gagnent bien leur vie avec ça, » explique Théophile Hdalky, responsable scolaire à l'Académie Esports de Montréal.

Comment faire des revenus avec l'e-sport?

Il y a d'abord Twitch, la plate-forme de streaming et de vidéo à la demande de jeu vidéo et de sport électronique. On peut gagner de l'argent grâce à Twitch de plusieurs façons, dont les dons du public, les abonnements mensuels, la publicité, et les commanditaires.

Si Twitch est une référence, la compagnie a de la compétition. Ninja, le célèbre streamer de Fortnite, a quitté Twitch pour le service de streaming Mixer, une propriété de Microsoft, en août dû à des conflits d'intérêts.

Une autre façon de gagner sa vie en e-sport, ce sont les tournois. « Plus tu performes, plus tu vas chercher des montants qui sont intéressants. Les joueurs professionnels n'ont pas besoin de deuxième emploi, » explique Véronique Bouffard, cofondatrice de Sailor Scouts et Développeuse de communautés à Ubisoft.

C'est le cas des joueurs des circuits compétitifs professionnels, comme l'Overwatch League. Ils reçoivent de bons salaires et profitent d' avantages sociaux, des conditions inspirées du modèle sportif.

Cependant, ce n'est pas tous les jeux qui fonctionnent sur ce modèle : Fortnite, par exemple, n'a pas beaucoup de compétitions. Pour Hdalky et Louis-David Lalancette-Renaud, Président de la Fédération québécoise de sports électroniques, le jeu ne devrait pas être défini en tant que sport électronique puisqu'il n'y a pas de circuit. «Ce n'est pas une scène stable. Il n'y a pas moyen d'avoir de revenu régulier, » explique Hdlaky.

Le modèle coréen

Parmi les ligues qui sont les plus payantes, il y a le modèle coréen, centré autour d'une vedette d'e-sports, qui rappelle les écuries de course automobile.

En Corée du Sud, le sport électronique professionnel est encadré par la Korean e-Sports Association. Ce sont de grosses entreprises comme Samsung ou Jin Air qui commanditent les équipes de sport électronique.

C'est d'ailleurs le cas SK Telecom T1, l'équipe de League of Legends dans laquelle joue Faker, l'étoile coréenne du sport électronique, qui gagne des millions de dollars par année.

Et il n'y a pas que les joueurs internationaux qui ont du succès. Le québécois Vulcan, de son vrai nom Philippe Laflamme, a déménagé aux États-Unis après avoir été recruté par Clutch Gaming.

D'autres façons de faire des revenus

Une autre façon de faire des revenus, ce sont les commanditaires. Cependant, Lalancette-Renaud prévient que c'est un cercle vicieux. « C'est plus facile d'avoir des commanditaires avec une grande visibilité, et si un joueur a une grande visibilité, c'est qu'il gagne déjà beaucoup de tournois, » explique-t-il.

En tant qu'organisation, Sailor Scouts, une équipe qui vise à soutenir les femmes intéressées par les jeux vidéo et l'e-sport, fait le plus de revenus grâce à ses commanditaires, comme Oshko. Pour l'instant, toutes les femmes impliquées travaillent de façon bénévole.

Cependant, Twitch permet un revenu plus certain, selon Véronique Bouffard, cofondatrice. L'équipe féminine vend aussi de la marchandise à son effigie pour faire plus d'argent.

« Il y a des gens qui peuvent vivre du sport électronique à temps plein avec des commanditaires seulement. Dans notre cas, ce n'est pas encore suffisant, mais ça devient de plus en plus intéressant, » dit-elle.

Une autre façon de faire une petite fortune en tant que joueur, c'est le partage des revenus (revenue sharing). C'est quand une partie des revenus générés par le jeu est redistribuée aux équipes de sport électronique.

Par exemple, Riot Games a introduit plus tôt en 2019 des fonctionnalités de partage de revenus dans le jeu League of Legends pour soutenir les joueurs d'e-sports. Des passes sont spécifiques à une région, et donnent accès à des fonctionnalités supplémentaires. En retour, les équipes d'une région donnée reçoivent 50 % des revenus.

Lalancette-Renaud explique qu'on peut aussi gagner sa vie en donnant des cours, une expertise de plus en plus en demande.

Avec le monde du sport électronique en pleine expansion, les possibilités de carrière sont peut-être encore incertaines, mais il y a de l'avenir.

 

Photo de couverture par lucas Favre via Unsplash

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