Nemaska Lithium veut devenir un des plus gros producteurs au monde

Avec le financement de 1,1 milliard de dollars qu’elle vient de clôturer, Nemaska Lithium a les moyens de ses ambitions. Quand son usine de Shawinigan démarrera ses activités vers la fin de 2020, elle produira 33 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par année. Ce qui la placera au premier rang des fournisseurs mondiaux.


La Chine n’a qu’à bien se tenir. Nemaska Lithium prévoit que ses coûts de fabrication seront inférieurs à ceux de ses concurrents chinois. C’est que l’entreprise québécoise a un avantage de taille : elle procèdera à la fois à l’extraction minière de spodumène et à sa transformation en hydroxyde et en carbonate de lithium, utilisés dans la fabrication des batteries de véhicules électriques. Les entreprises chinoises, elles, importent leur matière première d’Australie.


Guy Bourassa, président et chef de la direction de Nemaska Lithium, participera à une discussion sur l’exportation des nouveaux métaux lors de la conférence Objectif Nord, présentée à Montréal le 25 septembre prochain par les Événements Les Affaires. 


« Ça prend entre sept et huit tonnes de concentré de spodumène pour fabriquer une tonne d’hydroxyde, indique-t-il. Évidemment, ça coûte plus cher transporter du concentré des mines australiennes aux usines chinoises que de notre mine de la Baie-James à notre usine de Shawinigan. » Nemaska Lithium est aussi moins taxée que ses concurrents chinois parce qu’elle est intégrée verticalement et n’a pas à se procurer sa matière première à l’étranger, souligne-t-il.  


Sans fabriquer elle-même le produit fini, il aurait été impossible pour Nemaska Lithium d’être concurrentielle. « Le principal acheteur de spodumène aujourd’hui, c’est la Chine, dit M. Bourassa. Nous n’aurions pas pu gagner une guerre de prix avec l’Australie qui est beaucoup plus proche de la Chine que nous. Nos frais de transport auraient été trop importants. » 

Malgré cela, l’entreprise fournira du spodumène à un client chinois pendant environ deux ans, le temps de rôder sa mine d’abord et son usine ensuite. « Comme la mine sera prête un an avant l’usine, ça nous permettra d’avoir des revenus », précise le conférencier.
Une fois ses installations rôdées, Nemaska Lithium vendra son produit fini en Corée, au Japon, en Europe et aux États-Unis. D’ailleurs, elle a déjà signé des contrats de vente pour plus de 90 % de sa future production d’hydroxyde de lithium et de carbonate de lithium. La Coréenne LG Chem, qui fabrique des batteries pour les téléphones mobiles, les véhicules électriques et les systèmes de stockage d’énergie, figure parmi les acheteurs.


En mai dernier, Nemaska Lithium a complété un montage financier de 1,1 milliard de dollars, dont un placement privé de 80 millions de Ressources Québec (une division d’Investissement Québec) et un autre de 90 millions avec le groupe japonais SoftBank.


Des énergumènes visionnaires


« Nous avons été visionnaires quand nous avons décidé en 2011 de nous lancer dans la fabrication d’hydroxyde de lithium, affirme Guy Bourassa. À l’époque, tout le monde faisait du carbonate de lithium, car c’était le produit chimique le plus utilisé dans la fabrication des batteries au lithium. » Il raconte que c’est un client potentiel qui leur a mis la puce à l’oreille à propos des perspectives de l’hydroxyde. « Nous avons vu l’occasion de nous démarquer, car il y avait alors peu de production d’hydroxyde et encore moins de qualité batterie. »


De fait, la demande croissante pour les véhicules électriques a entraîné un besoin de batteries plus performantes, dont le processus de fabrication nécessite de plus en plus d’hydroxyde.  


« Au début, nous passions pour des énergumènes de vouloir vendre 33 000 tonnes d’hydroxyde, se souvient Guy Bourassa. Mais aujourd’hui, nous savons que nous pourrions en vendre encore plus. Une fois en exploitation, l’usine de Tesla au Nevada en utilisera à elle seule 28 000 tonnes. En 2025, la demande mondiale sera de 550 000 tonnes. Notre 33 000, c’est seulement 6 %. »


Nemaska Lithium n’écarte pas l’idée d’en produire éventuellement davantage. « Notre but ultime serait de combler 10 % de la demande mondiale en augmentant la capacité de notre usine », confie son président et chef de la direction. 

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