Le génie en mode nomade numérique

Désormais une réalité pour 90 % des professionnels en génie, le télétravail ouvre la porte à de nouvelles possibilités comme celle de travailler tout en voyageant. Nomadisme numérique et profession en génie, compatibles ou non? Oui, mais à certaines conditions!

Cambodge, France, Colombie, Équateur, Grenade... Voilà quelques-uns des pays où Benjamin Beckelynck a posé ses valises… et son ordinateur portable pour quelques mois. Chaque hiver, ce spécialiste en simulation d'ingénierie chez Optimec Consultants troque son bureau de Laval pour des paysages dignes de cartes postales.

Français d’origine, Benjamin Beckelynck n’a pas attendu la pandémie pour goûter aux joies du nomadisme numérique. Dès 2018, il négocie avec son employeur afin de pouvoir prolonger ses séjours dans sa famille, en mode télétravail. « Cette pratique était peu fréquente à l’époque, rappelle-t-il. Cette expérience a permis à mon patron de réaliser que j’étais capable d’accomplir mon travail sans supervision. »

Depuis, le diplômé en génie a multiplié les séjours à l’étranger. Un privilège qui n’est pas donné à tous dans ce domaine, concède-t-il, alors que plusieurs emplois en ingénierie requièrent une présence sur le terrain. En effet, selon l’Enquête sur la rémunération des professionnels en génie du Québec 2023-2024 menée par Genium360, près de 10 % d’entre eux ne sont pas autorisés à effectuer du télétravail, entre autres parce que la nature de leur tâche les empêche de le faire. À l'inverse, 29 % des répondants ont la possibilité de télétravailler à partir d’endroits éloignés, y compris d’un autre pays.

Un séjour qui se prépare

Avant de boucler ses valises, le spécialiste en simulation d'ingénierie ne laisse rien au hasard. D’abord, il exclut d’emblée les villages où les coupures de courant sont régulières. Quand il sélectionne son lieu d’hébergement, il contacte directement son locateur et lui demande le résultat des tests de vitesse de connexion internet. « C’est essentiel, puisque nous transférons plusieurs dizaines de giga-octets par jour. Je m’assure aussi qu’il est bien branché à la fibre. Je vérifie même parfois auprès du fournisseur local quelle est la puissance maximale disponible. »

Côté horaire, Benjamin Beckelynck tente d’éviter les destinations où le décalage horaire est important. « Quand c’est le cas, c’est moi qui l’assume. Par exemple, quand je suis en France, j’essaie de concentrer mes rendez-vous l’après-midi. Mais, s’il le faut, je suis en réunion à 22h30! » Et s’il doit revenir à Montréal pour une rencontre obligatoire, c’est lui qui paie les frais de déplacement.

Un effort qui en vaut largement la peine selon le principal intéressé, puisque travailler les pieds dans le sable lui procure une grande satisfaction, tout comme le fait de se plonger entièrement dans une autre culture. « Se sentir chez soi dans un pays où la langue, où les codes sont différents, c'est génial, culturellement! Cela permet de remettre en question certaines croyances. Ça vient chambouler nos convictions, nous permet de voir les choses différemment. »

C’est aussi un avantage pour les organisations, fait-il valoir, puisque ce genre de mesure permet d’attirer, de fidéliser et de motiver son équipe. « Je l’ai vu avec des amis qui ont tenté l’expérience en Colombie en même temps que moi. On travaillait dehors, il faisait super beau, on voyait les hamacs et la mer. On se sentait au paradis, si bien qu’on avait envie d’en donner plus à notre employeur pour le satisfaire afin de pouvoir conserver cet avantage ! C’est tout un privilège. »

 

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